Chapitre 43

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- Que fais-tu ici papa ? demanda Eliot un brin agacé de voir son père débarqué chez lui sans prévenir.

C'était le week-end et il avait choisi de le passer à travailler sur les plans du chantier en cours pour voir comment résoudre le problème qui bloquait tout. En effet, ils avaient du mal à stabiliser l'antenne relais qu'ils devaient installer à cause de la pente qui faisait office de base. Travailler ses méninges était à son sens, le meilleur moyen de ne pas perdre la tête. Il souffrait. O combien il souffrait de son absence. Il avait l'impression que les ténèbres s'étaient libérées en lui.

Merde ! Je tremble encore !

De l'air ; juste un peu. Ou elle !

Oui, elle, c'est encore mieux.

Je vais lui laisser du temps, juste un peu.

Elle en a besoin, elle a été très secouée ces derniers temps alors il lui faut du repos.

J'irai la chercher bientôt.

Deux mois c'est généreux non ?!

Oui Eliot, tu es un vrai gentleman, ironisa sa conscience.

Je fais de mon mieux, s'amusa-t-il à répondre.

- Eh bien ça faisait longtemps que je n'avais pas vu mon fils, répondit celui-ci en ignorant son ton.

Eliot se contenta de hocher la tête pas dupe pour deux sous avant de replonger la tête dans ses calculs. Il était vrai que cela n'avait rien de surprenant de voir son père venir le voir mais entre la venue de sa mère, son absence aux réunions de famille, son silence et son déménagement, Logan fils avait du mal à croire que son père soit juste venu là pour le voir. Même si dans les longs regards que lui portait son père il pouvait sentir toute son inquiétude et son soulagement de le revoir, Eliot sentait qu'il y avait autre chose.

- Tu le sais n'est-ce pas ? demanda-t-il enfin à son père.

- Savoir quoi fils ? Que tu ne m'as pas écouté quand je t'ai conseillé de la laisser faire les choses par elle-même ou que tu as pour but d'aller l'enlever dans quelques temps ? demanda-t-il étonnamment amusé par la situation.

- Ce n'est pas un enlèvement. C'est seulement le juste retour des choses.

Ils se fixèrent dans les yeux un moment. Ce n'était pas un regard de défi qu'Eliot laissait couler dans celui de son père, non. Eliot se sentait prisonnier de ce regard identique au sien. Le regard de l'homme qu'il admirait plus que quiconque. Son modèle, sans doute son meilleur ami, son père. Jeremiah s'était toujours occupé de sa famille et lui avait transmis cet élan protecteur pour ceux qu'il aimait. Depuis toujours, on l'assimilait à son père, chose dont il était extrêmement fier. Il était pour lui un héro et contrairement à beaucoup d'enfants, l'âge n'y avait rien changé. Il savait toujours quoi faire et surtout comment le faire. Dans ses plus grands moments de doute, Eliot n'avait eu qu'à tourner la tête et il était là pour lui donner une tape dans le dos et le regarder avec encouragement. C'était leur langage le plus clair : le regard.

- Tu devrais rendre visite à Alicia. Depuis qu'elle a été internée, tu n'as même pas daigné aller la voir.

Le jeune Logan souffla longuement en détournant le regard.

- J'avais et j'ai toujours autre chose à penser papa.

- Ce n'est qu'une suggestion mais je pense que tu en as plus besoin que tu ne l'imagines, dit-il sur un ton énigmatique. Bon, souffla Jeremiah en regardant sa montre, j'aimerais rester mais je dois partir. Molly trouve que je la néglige trop ces temps-ci et je crains qu'arriver en retard à notre journée père-fille ne signe ma fin.

Sous le Ciel d'EdimbourgOù les histoires vivent. Découvrez maintenant