Chapitre 1

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           En ce mois de septembre, l'air était frais mais pas agressif. C'était la première chose qu'avait constaté Dior en descendant de l'avion. Son regard avait parcouru le grand aéroport d'Edimbourg et les passagers qui se dépêchaient de rejoindre l'intérieur sans prêter attention à ce qui était pourtant captivant. Elle, elle avançait comme une touriste fasciné par ce qui existait autour.

Ce n'était pas son premier voyage mais Dior aimait s'accoutumé de son environnement et ce qu'il pouvait lui offrir. Elle aimait également profiter du paysage et voulait jouir de son premier voyage en Ecosse. Son anglais aiguisé pour une opportunité comme le concours Edimbourg and The World, elle avait pu s'enregistrer avec facilité puis avait rejoint le groupe qui visiblement n'attendait plus qu'elle.

Avec elle, il y avait cette Nigérienne avec qui elle avait sympathisé pendant le vol et trois autres africains. En tout, ils étaient trente-cinq dont des européens, des asiatiques et des américains. Son avion avait été le dernier à atterrir et ainsi, ils s'étaient dirigés vers l'hôtel pour se reposer. L'hôtel Logan Fantasy à Edimbourg était luxueux et raffiné.

Cela la confortait dans le sérieux de l'entreprise dans laquelle elle s'était lancée et elle sillonnerait un peu les lieux après une bonne nuit de repos. Le guide les briefa très brièvement avant de leur remettre leur clé magnétique puis de les congédier à l'étage privatisé du deuxième. Avec Soraya, sa nouvelle connaissance et six autres candidats, elle s'engouffra dans l'ascenseur.

A l'intérieur, elle s'appuya contre la paroi froide de la cage en acier en tentant de garder ses yeux ouverts. La hanse de son sac fermement ancré dans ses deux mains et le manteau négligemment posée sur le corps, elle essayait de trouver dans la fraicheur de l'acier contre sa peau un regain d'énergie qui lui refusait tout bonnement sa présence.

Alors qu'elle sentait ses yeux s'alourdirent, le bruit significatif d'ouvertures de portes la sortie de sa rêverie. Devant elle, s'étendait un long corridor peint dans du jaune pâle, des lustres le long du plafond et plusieurs pots de fleurs le long des murs. Sa chambre, la 301, était la deuxième à droite.

Elle fit passer sa clé magnétique à la hâte, entra en trombe dans la pièce spacieuse avec un lit King size aux draps blancs et élégamment meublé avant de la refermer et chercha du regard ses affaires. Dans le dressing grand et ingénieusement aménagé de rangements, ses sacs avaient été posés mais pas dépliés à sa demande. Celui dans ses mains rejoignit le lot des autres puis s'en suivirent ses chaussures.

Elle alla ensuite s'étaler lourdement sur le matelas après avoir envoyé valser tous ses vêtements sur le fauteuil blanc en cuir mou dans la pièce. Plus tard, elle appellerait ses parents ; là, elle préférait largement répondre à l'invitation de Morphée. 


​           Eliot mit fin à son appel téléphonique puis sortit de son bureau en y laissant délibérément son téléphone de fonction. Le président du comité du concours venait de lui annoncer que les candidats avaient atterri et venaient d'arriver à l'hôtel. Dans l'après-midi du lendemain, O'Rilley irait les voir mais pour l'instant lui n'entrait pas encore en jeu. Tant mieux pour lui car ce soir et demain, il allait prendre le temps de se reposer.

S'il avait bien appris une chose du haut de ses cinq années de carrière, c'était que le repos était non négligeable pour rester productif et lucide. Ses dernières années il avait travaillé non-stop pour gagner de nouveaux associés et asseoir sa puissance sur les sociétés concurrentes et maintenant que c'était fait, il se permettait de lâcher du lest.

Dans sa cuisine, Eliot attrapa une bouteille de vin rouge sec et un verre avant de se diriger vers la porte vitrée qui donnait sur le jardin pour profiter de la douceur de la nuit. Le calme qui régnait depuis le départ de sa mère était inestimable. Eliot Logan était un homme atypique qui préférait la vie dans sa simplicité bien qu'ils s'autorisent toutes sortes d'extras que lui accordait sa vie de privilégié. Dans sa vie, ce qu'il aimait le plus en dehors de sa famille était le challenge et l'adversité.

Depuis toujours, il avait tout sur un plateau d'argent. D'abord parce qu'il était un Logan et ensuite parce qu'il avait la gueule de l'emploi. Avec le temps, l'exaltation et la frénésie de ce constat s'étaient estompées pour laisser place à un ennui mortel. Rien ne semblait plus le faire réagir ; pas le fast et les paillettes ni mêmes les interminables jambes de demoiselles toutes plus belles les unes que les autres prêtes à s'ouvrir pour une simple faveur de sa part.

Alors après ses études, il s'était aventuré dans ce monde de requin qu'était les affaires pour faire taire l'ennui l'espace de quelques temps. De temps à autres, entraîner majoritairement par Carlos, son ami le plus proche, il se laissait tenter par des soirées mondaines ou des liaisons de quelques semaines au plus avant de revenir à son train de vie habituel. Tout au fond de lui, il espérait cette tornade ou même une simple petite étincelle qui viendrait raviver son intérêt pour le monde.

Sous le Ciel d'EdimbourgOù les histoires vivent. Découvrez maintenant