Chapitre 34: Aveux

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PDV Finn

Déçu.

Impuissant.

Une liste d'adjectifs interminable où les uns sont plus négatifs que les autres ne suffit pas à décrire mon ressenti. Rien, même les métaphores rédigées par les meilleurs écrivains, les plus élaborées, les plus belles dans leurs significations, ne peut refléter avec exactitude ce que j'éprouve à l'heure actuelle.

Je ne sais même plus quoi en penser. La drogue, de l'héroïne au vu du flacon qu'elle tenait entre ses mains assurées... c'est juste au-dessus de mes forces.

Prendre conscience que je suis le seul à m'en préoccuper sérieusement l'est encore plus.

Voir qu'elle s'engage dans cette folie, comme moi il y a des années de cela, m'écrase le cœur dans un étau.

Comprendre que je suis simple spectateur sans possibilités d'action directe me rend fou.

J'ai moi-même commis cette erreur. J'ai moi-même réagi de la même manière qu'elle. Quand ma génitrice sortait de sa dépression, je continuais à sombrer dans l'enfer de la drogue. Je m'en voulais de persévérer dans cette voie, incapable de m'en défaire, alors qu'autour de moi, les gens s'en remettaient. Je les haïssais parce qu'ils avaient réussi à tourner la page alors que j'étais toujours rattaché à mon passé par une corde invisible impossible à délier. Tout me rappelait mon père. Où que j'allais. Encore plus lorsque je faisais des tours dans le commissariat local pour possession de produits stupéfiants, ou pour sa vente. Je m'en sortais à chaque fois. Parce que j'étais le fils de mon père. En cours, j'étais le gars perdu, le cliché sur pattes à l'antécédent drame, mais qui réussissait tout de même à avoir un bon niveau scolaire. À la maison, les murs étaient recouverts de cadre photo où il posait fièrement. Avec nous. Seul. Avec ma mère. Ses vêtements, avec son odeur, étaient toujours dans son armoire. Dans ma chambre, quasiment tout me reliait à sa mémoire.

Une véritable angoisse. Jour après jour...

J'étais pourtant entouré d'une famille aimante qui avait conscience de ma dépendance et qui a tout fait pour que j'arrête, mais je ne faisais que les rejeter, me bornant dans l'idée que c'était la seule issue. J'ingérais du poison en cachette, sans aucune joie, je m'en injectais avec les crackheads du coin, j'en fumais avec des camarades lors de soirées, nuit après nuit, pour tenir, partir pour quelques heures et quitter cette armure douloureuse tandis qu'au plus profond de mon esprit, j'espérais qu'à terme, j'allais finir par le rejoindre, loin de tout ces hypocrites.

Parce que je n'avais plus goût à rien.

Ma vie n'avait aucun sens.

Puis est venu ce jour où j'ai perdu le contrôle et où j'ai fini sur un brancard avec des ennuis pleins le dos. C'est à cet instant-là, branché à des machines d'hôpital, que j'ai décidé de me reprendre en main.

Devenir maître de ma propre vie.

Une nuit, j'ai disparu pour de bon. Pour ne pas blesser davantage ma famille. Par effraction, je me suis rendu sur la sépulture de mon paternel. Dégarnie. Ce n'était pas un énième tour au poste de police du coin qui allait m'arrêter. Pétard à la main et bière dans l'autre, je lui ai fait trois serments, complètement déchiré:

The Hell Goddess  T.1 [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant