Chapitre 18: "Merci"

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L'excès de confiance dans notre milieu peut être source d'ennui.

Mon coeur flanche.

Ma respiration se bloque dans ma gorge, entravée par la stupéfaction. La paume de ma main se place d'instinct contre le torse de Carter, qui dégaine son revolver de l'intérieur de sa veste, la paume de la sienne se joint à la mienne.

Je n'arrive pas à parler. Mon ouïe n'est que bourdonnement et sifflement qui se répercute jusqu'à l'intérieur de mon crâne.

Est-ce à cause de la déflagration ou du cri de Jenna Bell ? Je ne peux le dire.

Un. Putain. De. Tireur. D'élite.

Le temps semble long. Tout se passe au ralenti.

Debout, son œil valide, reflétant toute son animosité mêlée à de la trahison, se pose sur moi alors que le sang imprègne le tissu de sa blouse blanche, venant s'accorder à la tonalité de sa veste. La vie lui échappe, l'air lui manque alors que le fluide carmin s'étend, se dissémine le long des fils entrelacés, glisse et Perle depuis l'ouverture qu'a formée le balle dans sa chair.

Jonathan Kaminski, administrateur du réseau de l'Est depuis presque trente ans, s'effondre, mort. Ses rotules encaissent le choc et son crâne, parsemé de cheveux blanc, heurte le macadam en un claquement étouffé, sous nos yeux ébahis.

Mon pressentiment se confirme.

L'information parvient à mon cerveau avec un temps de latence. Un panneau "danger" clignote dans ma tête, et une seule chose est sûre: il est hors de question que nous mourions ici.

À New-York.

Loin de San Francisco.

À cause d'une négociation bancale voulue par un homme bancal.

Avec force, je pousse mon collaborateur sur le côté pour lui intimer de ne pas rester stoïque, au moment où une balle s'écrase sur le bloc en ciment juste à l'endroit où il se tenait il y a encore une seconde, causant poussières et projection de fragments de matière grises.

Sa bouche s'entrouvre et son regard s'ancre dans le mien, chargé d'incompréhension.

Je viens de lui sauver sa vie.

Je ne ferai pas de commentaire...

Je me décide à remuer, gardant Bell en visuel, choquée, droite comme une statue, l'information n'ayant pas encore atteint son cerveau.

Notre seule solution est de fuir en priant qu'une balle ne nous atteigne pas. Un gilet pare-balle ne peut rien face à une cartouche de 7,5 mm. Si la cage thoracique, la gorge, ou la tête est touchée, le rideau peut tomber, sans aucune possibilité de survie.

Adieu. Ce fut un plaisir.

Sa sœur semble reprendre ses esprits, et se penche sur le cadavre de son défunt frère, le retournant, l'appelant, lui tapotant les joues en vain. Il ne lui répondra plus. Je n'ai pas à lui dire de bouger, elle est majeure et vaccinée. Sa mort ne me pèsera pas sur la conscience, mais sa mort ne m'arrange pas non plus. Nous sommes des cibles et quelqu'un dans un rayon de 5 km aux alentours s'amuse avec ses trois souris, nous faisant danser.

Littéralement.

Chaque seconde qui passe est une seconde où notre vie peut basculer.

À chaque seconde, je m'attends à ce qu'elle soit touchée par une balle aérodynamique ou à ce qu'elle s'enfuit, mais rien de cela ne se produit. Elle dégaine son glock, et la pointe sur moi, en mouvement.

Jenna, nous n'y sommes pour rien. Baisse cette arme, balance Carter en restant en mouvement pour déconcerter le tireur d'élite, s'approchant de la voiture .

The Hell Goddess  T.1 [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant