The Hell Goddess T.1 [ TERMINÉ ]

Chapitre 2: Une rencontre inattendue

— Alba ?

J'émerge difficilement, respirant mon propre souffle chaud.

Pas agréable du tout au passage.

Mes yeux s'entrouvrent, laissant s'infiltrer les puissants rayons de soleil, pour se clore aussitôt. J'ai des courbatures, et je n'ai pas envie de me réveiller. J'ai l'impression de ne pas avoir fermé l'œil de la nuit.

Désormais, c'est une main vigoureuse qui me secoue. Mes paupières s'écartent pour découvrir l'épouse de ma grand-mère, Mia, debout à mes côtés, dans une combinaison blanche, la moitié de son visage recouvert d'un masque chirurgical de la même couleur. Je me suis endormie sur le fauteuil, ma main toujours dans celle de ma grand-mère.

— Tu ne dois pas tarder, il est presque quinze heures, m'informe-t-elle d'un ton acerbe.

— Quoi ?

— Quoi quoi ? s'énerve-t-elle.

Fait le canard...

— Il est quelle heure ?! Je m'exclame, mon cœur battant à la chamade dans ma poitrine, tout en m'étirant pour échauffer mon organisme débile.

— T'es sourde ou quoi ? Il est quinze heures. Trois heures de l'après-midi.

— Putain... Merde, merde, merde... je râle en me levant, ce qui la fait se reculer. Tu as fait ce que je t'ai demandé ?

— Tout est réglé, ta robe t'attends dans ta voiture, m'annonce-t-elle. Je ne savais pas que tu avais renvoyé Wendy à Houston.

— C'était soit ça, soit...

Je lui mime la mort en passant mon pouce ganté le long de ma gorge.

— Elle n'est pas capable de faire son boulot, je conclus. Si tu veux plus de détails, demande à Lucy, j'ai pas le temps.

Mia pose ses iris rempli d'affection sur sa femme qui ne la reconnaît plus. Je n'ose pas imaginer ce qu'elle doit ressentir en son for intérieur.

Carla est réveillée, son visage inexpressif comme si elle venait d'émerger, des poches sous ses yeux malgré le fait qu'elle passe la majeure partie de son temps à se reposer. Elle m'observe de ses billes bleues et un faible sourire s'affiche sur son portrait.

Sans que je m'en aperçoive, mes épaules relâchent la tension, et mes poumons se vident en un soupir de soulagement. Elle me reconnaît. Elle me reconnaît encore.

Un jour de gagner contre la maladie.

Lorsqu'elle détourne son regard du mien pour se poser sur celui de Mia, j'y perçois de l'interrogation, ses sourcils se fronçant légèrement. Cette lueur, destinée aux gens qui comptent pour elle, a disparu en un battement de cil. J'ose un coup d'œil en direction de l'ex-caporal, m'attendant à y voir une réaction mais le haut de son visage ne reflète rien. Pas un froncement de sourcil. Pas un voile de tristesse dans ses iris. Cette dernière hoche imperceptiblement de la tête, comme pour intégrer cette réalité désolante, comme pour se dire que l'amour qu'elles se portaient ne se fait plus que dans un sens. Mia, son épouse depuis dix ans, n'est qu'une inconnue à ses yeux.

— Bonjour, Mamie, tu as bien dormi ?

Elle essaie de parler, mais seul un râle s'échappe, et finit par opiner de la tête.

— Tant mieux.

J'émets un faible sourire, qu'elle ne voit pas en raison du masque que je porte, et je lui serre la main, caressant le dos de la sienne de mon pouce.