The Hell Goddess T.1 [ TERMINÉ ]

Chapitre 31: Souffrir, un doux plaisir

Un coup placé derrière mes genoux me propulse au sol, sur les rotules, des cailloux s'enfoncent dans ma peau tendue. Mon arme m'échappe et je suis rapidement maitrisée, incapable de me mouvoir.

— Va te faire foutre... je rage en un long souffle pour extérioriser cette onde de douleur qui remonte le long de mon corps

Une trentaine de bougres, armés jusqu'aux dents, nous encerclent pour former une sorte de rap contender bancal. Trente, contre deux, avec une paire d'armes à feu et de couteaux. Même avec la meilleure des volontés, seul un abruti tenterait quoi que ce soit.

L'issue est logique.

Finn s'écroule à mes côtés. Dans la même position que moi.

Merde...

— Les voilà, ricane l'homme à l'accent de l'Illinois. J'en ai deux pour le prix d'un, n'est-ce-pas incroyable ?

Nine s'avance fièrement, son visage à moitié plongé dans l'obscurité du parking privé du casino où je réussis à discerner un large rictus.

Je roule des yeux, conservant mon masque d'impassibilité, préférant me taire avant de commencer à le provoquer. Je ne vais pas me gêner, surtout que j'ai compris qu'il me veut vivante.

Ou pour combien de temps encore ?

— La déesse de la mort est enfin entre mes mains, s'exclame-t-il en applaudissant avant de faire éclater une bulle de chewing-gum. Ton jeu d'acteur était surprenant Greyson. Tu as dû bien te foutre de ma gueule depuis ta saynète sur le parking.

Pas qu'un peu en effet.

Je relève mes yeux pour le lorgner, luttant intérieurement pour ne pas jeter un coup d'œil en direction de Carter. Il n'a pas pris une ride depuis notre première rencontre lors de l'arrivée de Spencer dans mon club. Son style vestimentaire a évolué, vers l'ostentatoire, chaque pièces de vêtements issus de grandes maisons de couture françaises et italiennes.

Ridicule, surtout pour ce type de mission.

À part ça, il a juste gagné en confiance et il pue l'autorité. C'est déjà ça. Il lui en faut, et beaucoup. Pour les tenir. Un seul membre décide de tourner sa veste, et son pouvoir lui glisse entre les doigts sans qu'il ne s'en rende compte.

L'individu s'accroupit devant moi, la pierraille crissant sous ses chaussures colorées, pour s'emparer de mon maxillaire avec brutalité, n'hésitant pas à y exercer une pression comme s'il voulait joindre ses propres doigts à travers moi. La bague de son pouce, comparable à une collerette à pique pour chiens, s'enfonce dans mon derme.

Froide. Pointue. Douloureuse.

Je prie pour que Finn conserve son bon sens et garde sa bouche fermée comme je lui ai fait juré. Il le sait de toute manière mais faire une piqûre de rappel n'a jamais fait de mal à personne. Quoi qu'il se passe, interdiction d'essayer de défendre l'autre.

— Dégagez-le moi de là... ordonne-t-il à ses hommes alors que Finn se débat, bâillonné, la chemise encore ouverte, les cheveux ébouriffés par le passage de mes mains. Alors, tu as perdu ta langue ma jolie ? C'est vrai que tu n'as pas l'air très bavarde... Spencer a eu la bouche bien grande si tu vois ce que je veux dire...

Je suis désolée.

Je garde la mienne derrière mes dents, mes lèvres serrées, encaissant la douleur qui croît dans ma joue alors qu'il s'amuse à bouger pour essayer de capter la moindre trace de douleur dans mes prunelles sombres. Je vais m'économiser. Pour l'instant en tout cas. Jusqu'à ce que je sache précisément ce qu'il cherche.