Chapitre 21: Albuquerque

2.9K 97 194
                                    

Le Nouveau-Mexique.

Un État aride aux reliefs montagneux. L'air est sec. Le paysage monotone où terre et végétation n'apportent aucune nuance.

Un paysage ennuyant.

Perché à 1600 mètres d'altitude, la ville d'Albuquerque s'étend comme une pieuvre sur un plateau, les briques des immeubles dans des tons similaires.

Une ville ennuyante.

La maison des Miller est modeste en termes de surface, si nous la comparons à la mienne ou à celle de mon géniteur, mais le jardin à la pelouse verte et aux buis taillés sous différentes formes et le parvis sont immenses.

C'est la deuxième fois que je viens ici et j'espère que ce sera la dernière.

Les véhicules des invités du réseau, plus chers et plus rares les uns que les autres, dans un concours de qui a la plus grosse et d'étalement de la richesse, comme d'habitude, sont garés en épis autour d'une fontaine et d'un bassin rectangulaire à l'eau turquoise où nénuphars accompagnées de leurs fleurs de lotus allant du blanc pur au carmin rosé, nagent des carpes koï.

Nous sommes arrivés avec trois heures d'avance. Carter est au volant alors que je cherche du regard celles de mes collaboratrices. Je leur ai demandé de m'attendre avant d'aller s'amuser.

J'ai des conseils d'ordre pratique à prodiguer avant de poser un pied dans cette topiaire. Ma confiance est, sur une échelle allant de zéro à cent, à zéro.

La prudence avant tout, surtout avec un Viktor dans les parages.

La fatigue pèse sur nous après ce long trajet, même si nous avons alterné la conduite. Sur le trajet, nous nous sommes arrêtés dans un motel pour pouvoir nous changer et prendre une douche. Pour ce dîner, j'ai opté pour une robe marron longue, alors que Finn conserve son style de business man.

Et ce n'est pas pour me déplaire, surtout que ses cheveux sont encore humides.

Sa fragrance rassurante emplit l'habitacle, melânt cardamome, cuir noir, mousse blanche et patchouli.

J'ajuste le foulard qui couvre mes épaules et le haut de mon dos pour dissimuler les balafres. Je ne veux pas attirer l'attention sur moi, ni sur nous. Nous sommes ici car nous sommes obligés, par respect pour le fils Miller. Je ne ressens pas la douleur du tatouage le long de mon épine dorsale recouverte de pansements translucides pour le protéger le temps de cicatriser. Mon dos est, dans certaines zones, insensible. Un briquet peut-être allumé contre mon épiderme, un glaçon peut y être poser, un couteau peut me lacérer que je ne ressentirai rien sur la majeure partie de son tracé.

Les terminaisons nerveuses ont cessé de transmettre les informations à mon cerveau après tout ce qu'elles ont subi durant tant d'années.

Salma, j'espère que tu te plais en enfer.

J'expire bruyamment alors qu'il coupe le contact, mettant la voiture en neutre.

Mon regard est posé sur l'entrée de la bâtisse où une dizaine d'hommes en costume, armés jusqu'aux dents, sont chargés de la surveillance des environs.

Les rassemblements de ce type font de nous des cibles privilégiées.

Surtout que l'Est a une dent contre nous...

Mon corps est endolori par le trajet. Mes pensées ressemblent à des brouillons. Je n'ai pas envie de voir tous ces abrutis réunis dans la même pièce, surtout après ce qu'il s'est passé lors de la visioconférence.

Je ne les aime pas.

Les doigts de Carter contre ma tempe me ramène à l'instant présent, plaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille. Il fait pivoter ma tête de son doigt pour que nos regards se croisent et s'ancrent l'un dans l'autre.

The Hell Goddess  T.1 [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant