13. Christian

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19/10/22

On doit partir en début d'après-midi pour un match à Brentford. Un match où je peux espérer jouer contrairement aux deux derniers. Je me réveille un peu dans le brouillard, dans le lit de Max et comme ces trois derniers matins elle n'est plus dans le lit. Ces derniers jours elle était emmitouflée dans un plaid sur le canapé quand je la rejoignais. Elle me donne l'impression de déprimer un peu, est-ce qu'elle aurait envie de rentrer chez elle ?

Aujourd'hui je l'entends parler au téléphone, en français. Je frotte mon visage avec mes mains avant de me lever pour la voir. Elle est dans sa position des derniers jours et tient son téléphone face à elle, elle doit être en facetime. Mais ce n'est pas ce détail qui m'inquiète, ce qui m'inquiète c'est les larmes qui coulent sur ses joues et son visage si triste.

Je m'appuie contre le montant de la porte pour la regarder. Les bras croisés sur mon torse et probablement un visage contrarié et inquiet. Elle me jette un bref coup d'œil avant de cacher ses yeux de sa main libre. Je comprends seulement mon prénom dans la phrase qu'elle prononce après ça et elle pose son téléphone sur le canapé. Elle a raccroché avec la personne avec qui elle discutait. Maxine masse ses yeux avec ses doigts et finit par me regarder.

Maxine – T'es déjà debout, tu avais le temps de dormir...

Je ne lui réponds pas, je vais simplement contre elle sur le canapé. Aucun mot n'est nécessaire, elle se blottit contre moi et je n'ai pas le temps de demander ce qu'il lui arrive qu'elle fond en larmes. Je nous recouvre avec le plaid dans lequel elle a l'habitude de se couvrir et la serre contre moi, encore et encore, le temps nécessaire pour qu'elle se calme.

Maxine – Ça fait un an que mon père est mort aujourd'hui.

J'enfouis ma bouche et mon nez dans ses cheveux après son aveu. J'embrasse le haut de sa tête et caresse délicatement son dos. Elle me serre fort contre elle, son biceps qu'elle a tatoué en l'honneur de son père est contracté sur mon torse. Elle se calme peu à peu, le rythme de sa respiration s'abaisse doucement et la pression qu'elle exerçait sur ma taille avec ses doigts diminue elle aussi.

Christian – Je peux faire quelque chose pour que tu te sentes mieux ?

Je demande timidement quand elle semble enfin apaisée.

Maxine – Ça va ne t'en fais pas...

Christian – Non ça ne va pas.

C'est exactement ça que j'entendais l'autre jour, je veux qu'elle me parle de ce qu'elle ressent.

Maxine – Tu as autre chose à penser aujourd'hui... On en parlera ce soir si tu veux...

Christian – Je veux qu'on en parle maintenant.

Maxine – Chris s'il te plaît...

Je lui laisse la victoire, après cette grosse crise de larmes elle a bien mérité qu'on parle d'autre chose...

Maxine – J'ai dit à ma mère qu'on était ensemble...

Il me semblait bien qu'elle avait prononcé mon nom.

Christian – Et qu'est-ce qu'elle a dit ?

Elle se redresse un peu pour me regarder. Elle semble un peu moins triste, un léger sourire étire ses lèvres.

Maxine – Elle était genre « bon choix, oh non pas un américain, très mignon, rho tous ces tatouages je ne comprendrais jamais »

Je rigole du ton qu'elle emploie pour chacun des points qu'elle cite, un coup taquin, un coup un peu dégoutté.

180 DEGREES • CHRISTIAN PULISICOù les histoires vivent. Découvrez maintenant