Chapitre 8

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Lan XiChen observa le dos droit de Jiang Cheng disparaître rapidement.
Il devait bien avouer qu'il ne s'attendait pas à une telle réaction. Il savait lire les gens comme s'ils étaient des livres aux pages ouvertes, et, dans le regard du bel homme, il avait parfaitement lu le désir.

Alors pourquoi était-il parti ?

Il ne put s'empêcher de sourire doucement. Il aimait bien le caractère du violet.

Perdu dans ses pensées, il n'entendit pas le nouvel arrivant, et sursauta lorsqu'un objet claqua brusquement juste derrière lui.

Il se tourna, sur la défensive, et prêt à sortir Liebing (sa flûte, au cas où vous auriez oublié le nom ;-) ) pour se défendre.

Il se détendit quand il reconnut le visage imperturbable, bien qu'un peu amusé, de Nie Huaisang (!!!!!).

- Huaisang.

Il prit son temps pour le saluer, dans le but de reprendre son souffle. Il était tellement absorbé par quelque chose d'autre qu'il ne l'avait même pas senti s'approcher.

Il battit des cils un instant en se rendant compte de ce qu'il venait de se dire. Ce n'était pas quelque chose qui l'avait déconcentré, mais quelqu'un.

Son coeur se réchauffa en pensant au regard que lui avait jeté WanYin lorsqu'il l'avait rattrapé. Puis il rougit en se rendant compte de l'effet qu'avait, bien trop rapidement, le violet sur lui.

Il finit par se rappeler de la présence de Nie Huaisang.

Il l'avait totalement oublié pendant l'instant où il avait été noyé dans le souvenir des yeux bleus et du sentiment chaleureux que ces quelques minutes avaient laissés comme la fumée après un feu.

Il croisa les yeux de celui qu'on surnommait autrefois 'Le Hochet' par méchanceté et mépris.

Le jeune homme avait posé le bout de son éventail sur son menton. Il regardait Lan XiChen comme s'il pouvait tout comprendre, tout savoir d'un simple coup d'oeil rapide.

Un petit sourire apparut finalement sur son visage, l'éclairant comme celui d'un enfant, sans cacher cette intelligence que personne n'avait vue autrefois.

- Second Frère.

Nie Huaisang rouvrit son éventail qu'il plaça devant son visage, geste qu'il faisait naturellement lorsqu'il voulait réfléchir en paix et poser une séparation entre lui et le reste du monde.

Lan XiChen l'observa un instant. Il se rendit compte qu'il avait toujours su combien le jeune homme était intelligent. Cette capacité à comprendre les fils qui contrôlaient les actions de chacun, il était capable de savoir les manœuvrer, à la manière d'un marionnettiste devant ses pantins.

Le chef du clan Lan était conscient depuis un certain temps de cette capacité dangereuse. Il l'avait su la première fois qu'il avait croisé le regard de Nie Huaisang après la mort de son frère.
Quand la haine et la fureur avait assombri les yeux dorés du jeune homme, accompagnés d'une promesse silencieuse mais destructrice.
Jin GuangYao. Je vais réduire en poussière tout ce pour quoi tu as sacrifié ta vie et celle des autres.

Lan XiChen avait vu cette violence au sein du coeur de Nie Huaisang. Mais il n'avait rien fait. Il l'avait ignoré jusqu'à ce qu'il ne puisse plus.

Quand il avait vu la vie disparaître du regard de Jin GuangYao, il s'était juste dit, en premier lieu, que Nie Huaisang avait gagné.
Pendant un instant, il avait haï le jeune homme à l'éventail. Puis il l'avait compris.

Si lui aussi avait ouvert les yeux, si il avait regardé l'évidence, il aurait eu envie de détruire Jin GuangYao, de le faire souffrir pour ce qu'il avait fait. Mais il n'était pas Nie Huaisang, il était incapable de manipuler quelqu'un, afin de le mener à sa propre perte. Lan XiChen avait préféré vivre comme un lâche, dans une illusion qu'il s'était créé de toutes pièces.

Au moins jusqu'à demain [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant