Chapitre 14

445 57 36
                                    

Wei WuXian serra son frère contre lui pendant un temps qu'il ne vit même pas passer. Plus rien n'existait autour de lui à part la chaleur du corps de Jiang Cheng contre le sien, les sanglots qui déchiraient le silence et les larmes désespérées qui trempaient peu à peu son torse.

Il caressa longtemps le dos recouvert de violet, en larges cercles apaisants, comme lorsqu'un enfant est triste.

Le désespoir de Jiang Cheng lui faisait mal. Il lui ramenait des souvenirs sombres, aux moments les plus douloureux de sa vie. Ces moments où il s'était lui-même noyé dans cette sensation qui vous attrapait et ne vous lâchait plus, jusqu'à ce que vous arrêtiez de vous débattre contre ce vide.

Dans son cœur, il pleura avec lui. Les larmes étaient à la fois sources de souffrance et de libération. Elles détruisaient tout sur leur passage quand elles étaient gardées secrètes, et allégeaient le coeur quand elles sortaient.

Jiang Cheng, tout comme lui, avaient choisi de les enfermer. Faiblesses passagères, elles n'étaient pas bienvenues chez quelqu'un duquel on attendait que la force de l'esprit.

Les sanglots déchirants de Jiang Cheng finirent par se calmer, et il s'endormit, toujours blotti contre Wei WuXian.

Le rouge le garda pourtant serré contre lui, comme un trésor trop précieux pour être laissé dans la nature.

La respiration de Jiang Cheng s'était faite plus apaisée, et son souffle lent montrait clairement que la fatigue s'était emparée de lui après les émotions qui l'avait violemment secoué pendant les heures précédentes.

Wei WuXian passa une main dans les cheveux lisses et épais de son frère. Habituellement sévèrement attachés, ils étaient plus lâches et ébouriffés. Il lissa les quelques mèches qui seraient échappées de son chignon serré, avec l'impression d'avoir devant lui un spectre de l'ancien temps, quand les apparences ne comptaient pas vraiment.

Le rouge sentit une larme rouler contre sa joue, éphémère et silencieuse, due à une culpabilité étouffante.

Cette tristesse déchirante qui s'était emparée de son frère, pourquoi ne l'avait-il pas vue ? Ou plutôt pourquoi donc avait-il fait semblant de ne pas la voir ? Il avait fait comme si cette colère sombre était le caractère normal de Jiang Cheng, en oubliant le sourire pur qu'il arborait lorsqu'ils étaient adolescents.

Il était lui aussi responsable de cette fureur, et pourtant il avait fermé les yeux et continué de vivre.

Wei WuXian leva les yeux vers les plaques commémoratives des chefs de la secte Yunmeng. Non. Celles de ses parents.

Il pensait ressentir une désapprobation évidente, mais aucune tension de s'abattit sur ses épaules. Il ressentait plus comme un sensation de paix, un cocon chaleureux. Une maison d'enfance.

Alors qu'il continuait d'observer fixement le monument funéraire gravé de lotus au pétales délicats, les souvenirs commencèrent à affluer, trop rapidement pour qu'il puisse les arrêter, à la manière d'un flot incontrôlable.

En premier, les plus récents.
Le regard de Madame Yu lorsqu'elle leur avait ordonné de s'enfuir, posé sur chacun d'eux. Wei WuXian ne parvenait toujours pas à comprendre pourquoi elle l'avait poussé dans la barque lui aussi.
La panique de Jiang FengMian quand il avait appris que son épouse se battait seule, sans son arme liée.
La colère de l'Araignée Violette au moment où la maîtresse du plus jeune fils de Wen RuoHan lui avait ordonné de le punir en lui coupant une main. Pourquoi avait-elle refusé ?

Puis des souvenirs plus lointains apparurent à leur tour. Leurs rires d'enfants, le sourire tendre de Jiang FengMian, et la voix autoritaire de Yu ZiYuan. Les disputes, et la colère brutale de la belle femme à chaque fois que Wei WuXian et ses parents biologiques étaient évoqués. Une haine qu'il n'avait jamais compris.

Au moins jusqu'à demain [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant