Les dents longues

27. Exutoire

GIAN

Le trou béant que la peur a laissé dans mon cœur se remplit d'une colère incommensurable. Je suis tellement hors de moi que je pourrais buter le premier fils de pute que je croise. Et ça tombe bien, j'en ai justement un sous la main.

Mes doigts restent fermement agrippés au bras de Lev tandis que nous remontons toute la villa jusqu'à la chambre que nous partageons. Arrivés à cette dernière, je claque la porte d'un geste rageur et y balance sans tendresse mon associé. Aussitôt, je me plaque contre lui, enfouis une main dans ses cheveux, attrape sa hanche de l'autre et me jette sur sa bouche comme un loup affamé.

La haine me retourne les entrailles. La colère refuse de me quitter et je me mets à ravager les lèvres de Lev pour lui faire payer de m'avoir autant inquiété, pour lui faire payer de m'avoir fait ressentir cette émotion, cette terrible émotion : la peur de l'avoir perdu.

Ses mains s'accrochent fermement au bas de ma chemise et sa langue force l'entrée de ma bouche pour venir danser avec son homologue.

Sans me décoller de lui, je glisse la main que j'avais posée sur sa hanche sous son t-shirt et griffe avec une satisfaction grisante la peau de son dos.

— Bordel de merde, pourquoi t'as pas répondu à ton portable ?

Mon grognement se répercute contre ses lèvres et je ne lui laisse pas le temps de répondre que, déjà, je lui coupe le souffle d'un baiser brûlant.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Putain, Lev...

Chacun de mes mots est étouffé par nos lèvres qui ne cessent de s'écraser les unes contre les autres. Lev froisse ma chemise entre ses poings et son souffle chaud me caresse le visage.

— Lev... Merde, plus jamais... Plus jamais...

Complètement abruti par mes émotions, j'attrape mon associé sous les cuisses et le décolle du sol, profitant de la position pour plaquer mon bassin contre le sien. Ses jambes s'enroulent par réflexe autour de ma taille et je sens sa queue commencer à s'éveiller contre la mienne.

Ma colère se mute en désir et j'empoigne avec envie ses fesses que je malaxe sans retenue. Ma bouche se met à dévorer son cou et je roule mes hanches contre les siennes.

— Gian...

J'étouffe sa phrase d'un baiser et glisse mes mains sous la frontière de son pantalon. Lev tente de se dégager mais je raffermis ma prise sur ses fesses et mords sa mâchoire avec passion.

— Gian, attends...

Je n'écoute rien. Mes sentiments s'entrechoquent dans un mélange tumultueux qui me retourne les entrailles et brûle mon bas-ventre. Je veux Lev. Je le veux maintenant.

— Merde, Gian, repose-moi, ordonne-t-il d'une voix sévère.

Il se débat plus fortement et parvient à reposer les pieds au sol. Je ne lui laisse pas le temps de s'écarter et repars à l'assaut de ses lèvres, en profitant pour glisser une de mes cuisses entre ses jambes pour la frotter contre son sexe éveillé.

Un petit soupir lui échappe mais ses mains me repoussent fermement.

— Attends un peu... Laisse-moi me doucher.

Ses mots mettent du temps à atteindre mon cerveau. Encore peu conscient de mes faits et gestes, je tente de le plaquer à nouveau contre le mur mais il s'extirpe de mon emprise au dernier moment.