Chapitre 4

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Les premières lueurs du jour réveillèrent Shisui qui se sentit immédiatement une chaleur inconnue près de lui. Sayuri. Il aurait pu reconnaître son odeur et sa respiration les yeux fermés. Elle dormait du côté de la fenêtre, près du radiateur, même si Shisui savait qu'elle possédait l'un des pouvoirs des plus essentiels en cas de survie : son corps produisait naturellement un chakra chaud qui se répandait du sommet de son cuir chevelu jusqu'au bout de ses orteils. Cette capacité lui permettait de ne pas tomber malade dans toutes les situations, surtout parce que Sayuri était de nature frileuse.

Tous ses sens étaient également décuplés, et cette raison fut pour laquelle Sayuri sentit le chakra de Shisui s'éveiller avant même qu'il ne lui dise bonjour. En effet, elle était assise en tailleur et son regard était tourné vers les vitres tachées des grosses gouttes de l'averse. Le temps était peu lumineux, humide mais Sayuri et Shisui se lèveraient comme à leur habitude, prêts pour affronter la journée qui les attendait.

De plus, Sayuri tenait fermement un parchemin, un parmi tant d'autres qui étaient éparpillés sur la couette. Shisui les reconnut tout de suite : les copies d'examen. Cependant, de quelle façon Sayuri se les était procurés ? Bien qu'elle fût habillée d'une tenue décontractée, jamais elle ne serait sortie vêtue ainsi. Elle lisait les lignes avec une facilité que Shisui admirait, et il bénissait toutes les habilités humaines de Sayuri qui les utilisait à chaque mission.

Alors que Shisui subissait encore les symptômes grippaux où sa fatigue semblait sortir par chacun des pores de sa peau, il se força à lever sa main vers la taille fine de Sayuri qui ne sursauta même pas à son contact. Pourtant, ses iris captèrent aussitôt ceux de Shisui, et ils durent se violenter pour ne pas se pencher, et fondre sur les lèvres de l'un et de l'autre.

- « Pour quelle raison mes paupières sont-elles encore lourdes ? », grogna-t-il en essayant de redresser son dos sur l'un de ses coussins, malheureusement sans succès. Shisui essaya d'analyser rapidement son état : il était encore sous l'emprise de la fièvre, ses bronches semblaient encombrées, son corps était pour la première fois sous emprise d'intenses courbatures, les frissons le parcouraient et il était fatigué. Réellement. Néanmoins, Shisui remarqua instantanément que... « Pardonne-moi : Bonjour Sayuri. ».

Sayuri aidait déjà Shisui à se relever, et ils semblaient heureux de commencer leur journée à deux. Or, il ignorait un détail : elle aussi se savait malade, mais tout en sachant qu'ils reprofiteraient vite de l'énergie naturelle pour se rétablir. Elle détestait se sentir faible, notamment pour ne pas être un fardeau auprès de ses compagnons qui étaient devenus au fil des années ses plus proches amis, d'autant plus pour Shisui qu'elle aimait depuis son adolescence.

Toutefois, Sayuri intériorisait ses sentiments envers Shisui, car elle n'osait pas évoquer avec lui ses ressentis. Elle craignait que ces émotions ne soient pas réciproques, et que pire, ces dernières provoquent un malaise. Cependant, lorsque son cœur présentait à son cerveau un argument indiscutable : celui que Shisui était le seul à extérioriser toute l'affection qu'il ressentait pour elle.

De fait, Sayuri et Shisui étaient proches depuis leur rencontre, surtout en partageant de longs regards (ils pouvaient donc se comprendre sans n'échanger un seul mot), et en entretenant cette relation par une complicité quotidienne. Quand ils partaient en mission avec Itachi, Obito et Kakashi, Shisui marchait et s'asseyait toujours à côté de Sayuri.

Sayuri et Shisui aimaient s'entraîner ensemble, et chaque fois que leurs doigts et que leurs mains effleuraient une partie du corps de l'autre, ils expérimentaient une sensation plus qu'agréable : celle d'être touchée par un éclair, un coup de foudre. Shisui ne quittait jamais Sayuri comme elle n'envisageait aucun de ses pas sans lui.

Par ailleurs, sans que Sayuri et Shisui ne le sachent, Itachi, Obito et Kakashi admiraient l'union que Sayuri et Shisui formaient. Même lorsque tous pouvaient se retrouver au restaurant ou chez l'un d'entre eux pour une raison particulière ou non, Sayuri demandait toujours de l'aide à Shisui, même pour un simple geste du quotidien (par exemple enlever la solide enveloppe d'un litchi).

Entre Sayuri et Itachi, leur relation était plus pudique, mais tout autant intense. Sayuri avouait sans honte qu'elle pouvait devenir aveugle juste en contemplant Itachi qui représentait tous les principes qu'elle voulait défendre, telles que la force, la sagesse et une incroyable protection envers les siens. Sayuri et Itachi se ressemblaient bien plus que ce dernier n'osait le reconnaître. Ils étaient les premiers à être sur les terrains pour s'entraîner, faisaient preuve d'une volonté infaillible, tout en aimant passer leurs après-midi de repos à jouer au shōgi. Itachi était marié depuis ses vingt ans à son amour de jeunesse Izumi Uchiwa, et une amitié surprenante était née entre les deux jeunes femmes.

Sayuri et Obito étaient de ces rares amis qui exprimaient leur joie et leur gratitude de pouvoir partager leur quotidien avec une personne qui leur ressemblait : joyeuse, expressive et notamment reconnaissante envers une vie partagée entre la bonne humeur et la passion dans le travail. Sayuri et Obito s'étaient beaucoup entraînés, en apprenant l'un de l'autre. L'entraide et la patience étaient devenues les deux valeurs les plus importantes, tout en se mettant bien souvent au service des malades et des personnes dans le besoin. Obito s'était uni à Rin Nohara dès leurs dix-huit ans. Sayuri et elle s'accordaient une confiance totale, en tout honneur et en tout respect.

Enfin, Sayuri et Kakashi incarnaient cette union aussi simple que complexe, cette amitié qui ne se définissait que par sa pureté, surtout à travers les actes qui traduisaient tout cet amour fraternel qu'ils se portaient. Kakashi savait qu'il ne rencontrerait aucune femme aussi digne et honorable que Sayuri, et il profitait alors de sa présence pour l'écouter et partager la majorité de leurs matinées libres à s'asseoir ou s'allonger devant la rivière pour lire, écrire, apprendre à pêcher : se détendre, tout simplement. Sayuri était la force de Kakashi, notamment lorsqu'eux et Shisui, Itachi et Obito se retrouvaient chez elle ou dans une auberge pour fêter la fin d'une mission ou d'un anniversaire. Kakashi était un jeune homme secret, mais encouragé par Sayuri à exprimer ses sentiments. Ils étaient sans doute les seuls à pouvoir se serrer longuement dans les bras l'un de l'autre sans qu'aucune ambiguïté ne se fasse sentir.

Toutes ces pensées traversèrent brièvement l'esprit de Sayuri qui était encore plongée dans la lecture des feuilles d'examen. Et si Rin et Kakashi n'avaient pas réussi à sauver Obito ? Et si la technique d'illusion du Kotoamatsukami n'avait pas pu être utilisée par Shisui ? Même si le Hokage était persuadé que toutes les hypothèses de la ninja la plus douée de sa génération auraient été plausibles, Sayuri demeurait quand même perplexe des suppositions décrites par Shisui. Leur amour n'aurait jamais existé, puisque l'avenir n'aurait été qu'un enchaînement de difficultés malgré tout l'espoir et la volonté de paix symbolisés par Naruto, et sa génération. Naruto, Hinata, Sasuke, Sakura... Sayuri pensa une dernière fois à ces jeunes shinobis qui manifestaient déjà leur amour.

Bien que Sayuri et Shisui étaient membres des forces spéciales, quel droit (ou quelconque autre code et règlement) pourrait les empêcher d'avouer leur amour et leur attachement ? Sayuri se contrefichait en vérité des formalités quant à ce sujet qu'elle plaçait en absolue priorité dans sa vie. Elle aimait Shisui, et elle était résolue à le vivre avant son dernier souffle.

- « Bonjour Shisui. », lui répondit-il avec ce sourire malicieux du coin des lèvres qu'il essayait de résister à chaque fois tant bien que mal. « Nous pouvons définitivement nous détendre, parce que toutes nos habilitations d'exercer ont été reconduites. », préféra-t-elle d'abord déclarer avant de rouler efficacement les parchemins, et de les poser par terre. Elle se tourna ensuite vers Shisui qui à sa surprise s'était assis tout seul en tailleur, et surtout tendait ses bras pour qu'elle vienne se réfugier dedans.

Sayuri et Shisui se regardèrent une dernière fois en essayant de se comprendre sans exprimer leurs ressentis, mais cette invitation fut bien plus forte que toutes les autorisations en vigueur. Shisui accueillit Sayuri avec soulagement, qui entremêlait ses jambes à celles de l'homme qu'elle aimait. Sayuri et Shisui se dévisagèrent et malgré le fait qu'ils se retenaient de s'embrasser, leurs expressions étaient facilement traduisibles : « Reste près de moi, et même le cas contraire, je ne te lâcherai pas. Tu es à moi et je ne veux plus jamais que tu sois loin. Ne pars pas, car je t'aime. ».

Sayuri et Shisui - Chroniques des aventures d'Itachi, d'Obito et de KakashiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant