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Je m'affale sur le canapé en soupirant et Amine fait de même juste à coté de moi. Je pensais pas que ça serait aussi long, mais j'étais déjà fatiguée de base. En plus Amine ne m'a pas beaucoup aidé à part critiquer, souffler ou faire autre chose, il ne m'a pas été d'une grande aide.

- Je suis mort là. J'entends à ma droite

Je me relève et le regarde avec consternation. Je secoue la tête de gauche à droite: « mais attends t'es sérieux Amine t'as rien fait »

- Quoi ? 

- Nan sérieux t'as rien foutu

Je l'entends rire bêtement à côté de moi.

- Faudrait que tu mettes une table à manger. C'est un peu vide là.

- Ouais, ouais. Il me réponds

Vraiment, Amine, t'y penseras...

Il s'apprête à me répondre quand mon ventre gargouille. On se regarde et finissons par en rire.

- Tu veux que je commande un truc ?

- Non ça va je mangerais en rentrant

- Une orientale et une chèvre du coup.

Je le regarde avec un sourire en coin, un peu stupéfaite. Il s'en rappelle quand même.

- Soit pas si choquée, ça fait pas si longtemps que ça. Il me répond un peu sèchement

Ouais, je lui répond tout simplement.

Un vrai silence passe, c'est vraiment gênant de parler de ça. Sa remarque m'a un peu blessée au fond, peut être que pour lui c'étais pas si long comme il le dit mais pour moi c'était pas le cas. Deux ans, deux ans à me lamenter et à penser au pire. Alors non, c'était pas rien pour moi mais il n'a pas l'air de s'en rendre compte. Je me réinstalle sur le canapé en observant la télé, le temps qu'Amine passe la commande. Je crois qu'il ne s'est même pas rendu compte de ce qu'il vient de me cracher au visage. Je reste juste sans bouger, sans rien ajouter de plus. Je préfère me taire sur ce coup là.

Une trentaine de minutes plus tard, on entends sonner. Amine récupère les commandes et dépose les cartons de pizza sur la table basse. Il dépose la mienne devant moi avant de l'ouvrir.

- Manges maintenant. J'entends Amine me dire

Je prends une part silencieusement et commence à manger, je n'ai même plus fin. Je ne sais plus quoi dire, je me sens un peu gênée au final, gênée d'être piquée par de simples mots. Parce qu'en soit c'est rien, c'est juste une vieille expression. Mais la manière dont il l'a dit comme si c'était à lui d'être vexé par ma remarque. Je continue de fixer ma part comme si elle allait se transformer en autre chose. Finalement, j'ai envie de rentrer. 

- Il t'arrive quoi Alyah ?

- Rien. Je lui répond juste.

Tu sais que c'est pas ce que je voulais dire pas vrai ?

- De quoi tu parles ? feignant l'incompréhension

Tu sais exactement de quoi je parle Lya

Je le fixe sans répondre, je crois pas qu'il attende une réponse de ma part non plus. Je me reconcentre sur ma pizza et commence à manger cette fois-ci.

- Je le disais pas dans ce sens là. C'était pas rien pour moi Alyah, deux ans c'était énorme. Il n'y a pas eu un jour sans que j'ai pensé à ma famille, à toi. Deux ans, depuis ce soir là et dieu seul sait comment c'était dure. Mais j'ai été égoïste, j'ai pas pensé à toi, j'ai pensé qu'à moi. Et encore une fois, aujourd'hui j'ai pas pensé à l'impact de mes mots sur toi. Je suis désolé Alyah. Ce que je voulais dire c'est qu'il ne s'est pas passé assez de temps pour que je puisse t'oublier, pour que je puisse oublier toutes nos habitudes. T'as compris ?

Je réfléchis un instant à ses mots et je comprends mieux. Je me sens un peu plus rassurée. J'hoche simplement la tête.

- Manges maintenant, il se fait tard je te dépose après.

- Non non, c'est bon. J'ai laissé ma voiture en bas.

- Tu conduis pas la nuit, je te dépose on s'occupera de ça plus tard.

- Ok. J'ai murmuré

L'ambiance est devenue un peu froide. On a fini par regarder la télé en silence et Amine m'a raccompagné chez moi. En rentrant dans sa voiture, le silence règne toujours, mais je décide de dissiper le malaise entre nous deux:

- Je m'excuse d'avoir réagit comme ça.  je dis en observant mes mains.

Ok

- Quand j'ai entendu ça, je me suis dis que peut être t'avais bien vécu le fait d'être loin de nous. Je le vois serrer un peu plus le volant

- Je suis pas vexé Lya. Je pensais pas que tu me verrais comme ça c'est tout.

Apres ça, le silence, comme d'habitude. Toujours la même chose. Vous avez du le remarquer non ? Toujours ce silence entre nous. Mais au final, c'est doux, apaisant, oui c'est ça apaisant. Mais aujourd'hui ce n'est pas la même chose. Je cale ma tête sur l'appuie tête en réfléchissant un peu plus. Je déteste cette situation, je hais ce silence là. Je suis fatiguée de me battre contre tout et tout le monde. Il m'a déposé devant mon bâtiment en me disant de faire attention en rentrant avant de faire demi tour. 

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