Chapitre 4

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Son entaille à l'abdomen le fit grimacer quand il se réveilla le lendemain.

Il soulevait son sweat pour trouver son torse tâché de sang. Les points de suture qu'il avait tenté de faire avaient dû sauter durant la nuit.

Il pesta en prenant le chemin de la salle de bain et retirant ses vêtements, il constatait sa blessure dans le reflet du miroir sale. Elle s'était bien rouverte. Il chercha dans les tiroirs une aiguille et du fil, sachant qu'il avait forcément laissé ce type de soins ici.

Il finit par les trouver et partit chercher une bouteille d'alcool sur l'étagère du couloir. Il fallait recoudre sa peau avant que ça ne s'infecte, et il ne pouvait pas se rendre aux urgences.

Il retira son sweat, frissonna sous la fraîcheur de la pièce et fit couler l'alcool sur sa plaie.

Ses dents se serrèrent et il grogna avant de jeter sa tête en arrière. Sa peau ouverte pulsait et il crut sentir son cœur battre hors de sa poitrine.

Sa carrure faisait qu'il encaissait les coups facilement, ou ne laissait même pas le temps à l'autre de l'atteindre. Mais contre un couteau il n'avait rien pu faire.

Il reprit sa respiration en baissant la tête, se résignant à aller chercher la jeune femme.

Elle posa ses yeux instinctivement sur le torse nu de son bourreau, les abdos humides il vînt vers elle et s'abaissa dans un grognement pour retirer ses chaînes. Il la soulevait par le bras et l'emmena dans la salle d'eau avant de retirer ses menottes et de lui sommer de ne rien tenter.

Elle acquiesça et il lui tendit le fil et l'aiguille.

Ses gestes avaient été rapides, elle n'avait pas assimilé ce qu'il lui demandait avant de baisser les yeux sur sa plaie.

— Mais je-, je ne sais pas faire et-.

— T'as bossé dans un hôpital tu dois avoir les bases.

Les bases elles ne les avaient pas. Ses études ne l'avaient conduite qu'à apprendre à réanimer un patient ou lui porter les premiers gestes de secours. Bien sûr elle avait déjà vu ses collègues infirmiers recoudre des plaies mais jamais des si grandes, et jamais avec ce type de fil.

Elle prit les outils qu'il lui tendait sans relever les yeux de la blessure, les mains tremblantes elle peinait à passer le fil chirurgical dans le trou de l'aiguille.

Une fois qu'elle eut réussi, elle enduit la fine aiguille dans l'alcool et hésita quelques secondes avant de poser ses doigts sur le torse de son bourreau, plissant sa peau ouverte pour tenter de la refermer.

Un râle s'échappa de ses lèvres quand elle enfonça l'aiguille dans sa peau.

Instinctivement elle relevait les yeux vers lui en s'excusant dans un murmure avant de reprendre, tentant de contenir ses tremblements.

Les yeux du tortionnaire épiaient chaque passage qu'elle faisait entre sa peau et l'aiguille. Elle se débrouillait bien mieux que lui, faisant des points plus serrés mais il ne pouvait s'empêcher de grimacer quand il sentait l'aiguille s'enfoncer dans sa peau.

— C'est maladroit mais ça devrait mieux tenir.

Elle avait remarqué qu'il avait déjà dû faire des points lui-même mais le travail n'avait pas été bien fait. Il sentait qu'elle s'efforçait de faire des gestes doux. Elle aurait pu y aller franchement, se fichant de ses complaintes mais sa douceur naturelle faisait qu'elle s'appliquait à le recoudre. C'était une fille bien, trop bien pour cette société. Il savait qu'elle donnait de son temps pour des œuvres caritatives ou des associations. Elle aimait particulièrement les enfants et passait plusieurs fois dans le mois apporter des repas dans un orphelinat.

Jamais elle n'aurait dû le rencontrer. Jamais elle n'aurait dû avoir à subir ce qu'il faisait à des personnes qui méritaient qu'on les torture et leur ôte la vie.

Une femme n'avait jamais été aussi douce avec lui, le peu qu'il côtoyait étaient des escortes qu'il se payait avec les commissions qu'il gagnait. Sinon, il ne leur adressait jamais la parole. Il ne sortait pas dans les bars, les boites de nuit ou même les magasins.

Ses yeux bleus dissimulés sous son masque, il regardait ses doigts fins passer le fil entre sa peau.

Celle-ci piquait mais l'air ne rentrait plus en contact avec sa plaie à vif et il soufflait quand elle le passait une dernière fois. Elle tenait le fil sans le regarder, espérant qu'il comprenne qu'il était trop solide pour qu'elle ne puisse le couper avec ses doigts.

Il leva la main pour sortir un ciseau caché au-dessus du miroir et coupa le fil lui-même.

Elle reculait de quelques pas pour apprécier les sutures qu'elle avait réussi à faire assez proprement pour une première et il remit son sweat en veillant à ne pas découvrir son visage.

Elle regardait le carrelage jauni par le temps en tendant les poignets, attendant qu'il les lie à nouveau.

Elle avait été docile jusque-là et n'avait jamais tenté de s'enfuir. Il lui fit un signe de tête pour qu'elle retourne dans la chambre, laissant les menottes sur l'étagère de la salle de bain. 

DISPARUE [Toji Fushiguro X OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant