Chapitre 18

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Elle ouvrit les yeux difficilement, l'esprit embrumé.

Après qu'ils aient emmené son partenaire, elle n'avait cessé de pleurer et de hurler, griffant l'homme de main de son père. Il avait rapidement perdu patience et l'avait endormie avec du chloroforme à son tour, la laissant amorphe avant de la jeter dans sa chambre fermée à double tour.

Les souvenirs de la nuit remontèrent peu à peu dans son esprit embué, et quand elle eut envie de pleurer, aucune larme ne vînt.

Elle avait tellement pleuré que ses yeux étaient trop secs pour s'humidifier.

Allongée et ligotée dans son lit, le regard dans le vide, elle ne pensait pas à ce qu'il allait advenir d'elle. Elle pensait à l'homme de sa vie qu'il lui avait été arraché. Il était mort par sa faute, à cause de sa soif de vengeance.

Ils auraient pu se prélasser au soleil dans les îles, mais elle avait tout fait foirer par sa rancœur.

Elle ne reverrait jamais ses yeux bleus qu'elle aimait tant, elle ne ressentirait jamais plus ses mains sur son corps. Elle n'entendrait jamais plus sa voix.

Le bruit de la serrure ne la fit pas détourner son regard qu'elle avait perdu dans un point fixe.

De longs bras la tirèrent de son lit pour la mettre debout, et voyant qu'elle ne bougeait pas, l'homme au crâne dégarni lui asséna un coup dans l'épaule.

Ses jambes marchaient sans qu'elle ne le décide, elle n'arrivait plus à réfléchir, son cerveau déconnecté, elle laissait son corps prendre le relais.

Les liens de ses mains rendaient ses mains presque bleues, elle pouvait à peine sentir le sang circuler dans ses doigts mais ça ne lui importait pas.

Le grisonnant regardait sa fille une dernière fois, le visage gonflé et cerné, avant de donner l'ordre de la mettre dans le fourgon noir garé devant le manoir.

Elle se fichait de son avenir. Sa vie ne comptait plus si elle était la seule à arborer la cicatrice à ses lèvres.

Couchée sur le sol dans le fourgon, elle n'entendait pas le conducteur parler à cause de la vitre teintée qui les séparait.

Elle serrait les dents quand sa tête frappait les coins du fourgon.

Tout était encore si floue dans sa tête, son père s'avérait être un dangereux psychopathe avide d'argent et non un simple père absent.

Elle se demandait ce qu'elle serait devenue si un contrat n'avait jamais été posée sur sa tête, et si le noiraud ne l'avait pas sauvé une première fois dans l'abri. Serait-elle encore une libraire à la vie simple ? Son père aurait-il fini par la faire tuer ?

Le fourgon s'arrêta, et plongée dans l'obscurité elle cligna des yeux quelques secondes quand les portes s'ouvrirent. Les deux hommes d'hier soir tirèrent ses jambes pour la relever.

Elle était sur un port maritime, les grues s'acheminaient à empiler le plus de conteneurs possible pendant que certains hommes au loin étaient affairés à décharger des marchandises.

La brise du matin rendait presque agréable le moment, la mer était calme et les mouettes survolaient le port.

Les hommes la dirigèrent vers un navire de charge qui semblait désert. Il semblait y avoir des centaines de conteneurs, elle se demandait si tous étaient remplis de contrebande ou de jeunes filles comme elle. Elle n'était pas étonnée de se retrouver ici, elle n'imaginait pas son père marchander son prix lui-même, il lui avait réservé le même sort que les autres, se contrefichant de ce qu'elle adviendrait.

DISPARUE [Toji Fushiguro X OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant