Chapitre 24

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Postée sur le toit d'un immeuble, elle réajustait une dernière fois son sniper.

Ils étaient parvenus à quitter le pays, les frontières furent fermées quelques minutes après leur passage, la police ayant donné l'ordre de fermer les gares, aéroports et frontières pour que les femmes enlevées ne quittent pas le pays.

Les trois jours de route s'étaient fait dans les rires et les pleurs. Elle lui avait raconté tout ce qu'il s'était passé, tout ce qu'elle avait dû faire et ce qu'elle comptait faire s'il n'était pas intervenu.

La mâchoire du noiraud s'était contractée de nombreuses fois, elle avait vécu l'enfer avec ces tyrans.

Il lui avait raconté ce qui s'était passé ces dernières semaines de son côté et elle l'avait ausculté rapidement sur une aire d'autoroute.

Encore aujourd'hui, il gardait quelques cicatrices de son passage à tabac, il ne retrouverait jamais pleinement son acuité visuelle sur l'œil touché et sa mâchoire grincerait encore longtemps.

Ils étaient revenus dans le chalet perdu dans les bois, ne voulant prendre aucun risque en retournant à leur appartement. Le père de la brune avait dû être prévenu de la descente de police en Egypte. Mais à son niveau, il n'avait pas dû être inquiété par les autorités.

La brune avait suivi assidument les informations à la télévision et avait vu le visage de Sarah. Elle avait été retrouvée et ramenée à ses parents. Les autres femmes avaient toutes été reconduites dans leur pays par la police.

Le couple avait passé quelques jours à se lover l'un dans les bras de l'autre, des jours entiers à écouter le battement de cœur de l'autre.

Mais il savait qu'elle ne pourrait pleinement tourner cette page tant que son père serait toujours en vie.

Le viseur de son arme de précision pointé sur le crâne de son père, elle attendait le bon moment.

Ils l'avaient traqué jusqu'à le retrouver dans un immeuble luxueux qu'il occupait désormais comme résidence principale. Son pointeur visé sur l'assistant du collectionneur d'art, le noiraud attendait lui aussi le bon moment.

Le soleil tapait contre le peu de peau que la brune n'avait pas recouverte de tissu de camouflage. Elle n'avait plus envie de le torturer, de lui cracher au visage à quel point il était le diable en personne. Elle voulait simplement lui ôter la vie, elle ne voulait plus prendre aucun risque.

Les deux hommes se tournèrent vers la fenêtre, un verre de whisky à la main avant que deux balles ne traversent leurs boîtes crâniennes.

Equipés de silencieux, les snipers ne firent aucun bruit, brisant seulement la grande vitre qui couvrait l'entièreté de la pièce où se trouvaient à présent les deux hommes étendus au sol.

Couverts de bris de verre, elle le regardait de longues secondes depuis sa lunette, appréciant de voir une tâche écarlate s'étendre sous la tête de son père.

Le couple rangeait leurs armes dans un étui à guitare avant de ramper jusqu'à la porte qui donnait sur le toit.

Dans la cage d'escalier ils ôtèrent leurs vêtements de camouflage et descendaient à la hâte les marches.

La brune souriait. Elle pouvait enfin passer à autre chose.

Elle tenait la main de son amant qui la tirait pour dévaler les marches.

L'étui de guitare sur l'épaule, il déverrouilla la voiture à distance avant de le mettre dans le coffre et de démarrer la voiture.

La foule commençait déjà à s'amasser devant l'immeuble, cherchant d'où pouvait provenir le bruit du verre cassé qu'avaient causé les balles dans la baie vitrée.

Le noiraud roulait quelques kilomètres avant de s'arrêter au bord d'un fleuve, et il ouvrait sa portière pour jeter les armes dans l'eau.

Ils les avaient démontées et avaient choisi des matériaux légers pour qu'ils flottent jusqu'à la mer. Equipés de gants et rongés par le sel, la police ne parviendrait jamais à identifier d'où proviennent ces armes, s'ils venaient à les retrouver un jour.

Posant sa main sur la cuisse de sa belle, il lui demandait si elle avait bien tout préparé et elle hochait la tête en lui souriant.

Se dirigeant vers l'aéroport, ils allaient enfin pouvoir s'exiler dans les îles, comme ils l'avaient prévu.


FIN  


DISPARUE [Toji Fushiguro X OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant