DISPARUE [Toji Fushiguro X OC]

Chapitre 9

Malgré ses gants de bucherons, ses mains commençaient à se fatiguer sous la hache. Il avait coupé quelques petits sapins et arbustes qu'il commençait à entasser dans son sac et sous ses bras. Raccrochant sa machette à son sac à dos, il suivit ses pas pour retrouver le chalet. La neige continuait de tomber doucement, recouvrant ses empreintes à chaque flocon.

Il s'arrêta quand il crut entendre un rire. Serrant ses mains sur le bois qu'il tenait dans ses bras, il s'approcha doucement de la butée où il avait entendu du bruit avant de la grimper.

Il ne s'attendait pas à grand-chose, sachant pertinemment qu'il n'y avait personne d'autre ici que lui et elle, mais il ne s'attendait pas à voir la brune glisser sur le lac gelé.

Son air guilleret perceptible malgré sa grosse écharpe, elle semblait s'amuser. Il relâchait ses épaules et esquissa un sourire quand elle tomba. Il l'entendait rire d'où il était et elle se relevait pour déraper à nouveau sur la glace. Il se disait que les anxiolytiques devaient être efficace, ou peut-être qu'elle essayait de ne pas s'apitoyer sur son sort et qu'au lieu de voir le négatif elle se disait qu'elle avait échappé à la mort de justesse.

Il avait compris qu'elle n'était pas méchante et qu'elle n'avait de sûr pas un mauvais fond. Et une nouvelle fois il se dit qu'elle n'avait rien à faire là.

Il tournait la tête pour apercevoir un chat des neiges se diriger vers la brune, ce n'était pas rare d'en voir dans le coin. Et avant qu'il ne relève les yeux vers elle, il savait qu'elle s'émerveillerait de se faire un ami ici.

Le félin s'approchait doucement et recula de quelques pas quand elle l'appelait pour la rejoindre.

Elle était émerveillée, comme il l'avait prédit. Il la regardait tenter de l'appâter, se rattrapant quelques fois de justesse en agitant ses bras pour retenir son équilibre.

Il l'avait fini par poser les buches de bois par terre et croiser les bras pendant qu'elle avait réussi à caresser le chat sauvage.

Allumant une autre cigarette, il regardait les alentours.

Personne ne les trouverait ici, il n'y avait aucune civilisation à des kilomètres et les randonneurs ne s'aventuraient pas ici, le chemin n'étant pas balisé et bien trop reculé.

La neige à perte de vue dessinait un magnifique tableau sous ses yeux cernés. Il se sentait bien dans ces montagnes, coupé du monde et de la violence du quotidien. Il y venait quelques fois, mais la plupart du temps il restait dans son appartement près de la ville, se tenant prêt pour chaque contrat.

Son père l'emmenait ici quand il était enfant, pas pour des vacances, mais quand il était recherché. Avec le temps, le tortionnaire avait compris que s'ils étaient venus si souvent ici dans son enfance c'est parce que son père ne savait garder sa langue dans sa poche et faire du bon boulot.

Il ne tenait de lui que sa cicatrice. Il était bien plus réfléchi et concis que lui.

Il n'exprimait plus de rancœur envers lui, il lui en avait trop voulu adolescent. Son enfance bordée par la misère et les cavales constantes, il avait à peine été à l'école et avait appris à lire tard. Encore aujourd'hui, son écriture n'était pas parfaite.

Et depuis ses huit ans il n'avait pas mis les pieds dans une salle de classe. Il connaissait les balles de fusil par cœur, savait deviner leur type et les blessures qu'elles causeraient à l'œil nu, savait quel tendon de la main touchée pour faire perdre la motricité à ses victimes et savait arracher les racines d'une dent. Mais il était incapable de faire une division ou d'écrire sans faute d'orthographe.