Annabeth Chase x Lecteur (Reader) - Le héros perdu - Livre 6

Le Vent du Nord

Y/N ne se rendit compte qu'il s'était endormi que lorsqu'Annabeth le secoua. Le jour tombait.

"On est arrivés, lui dit-elle."

Il se frotta les yeux. Ils étaient au-dessus d'une ville perchée sur une falaise, qui surplombait un fleuve. Les plaines alentour étaient parsemées de neige mais la ville brillait dans le coucher de soleil hivernal et dégageait une atmosphère chaleureuse. Les bâtiments se serraient derrière de hauts remparts, comme dans une ville médiévale. Y/N n'avait jamais vu de lieu aussi ancien, si ce n'était certaines parties du Labyrinthe de Dédale. Et il y avait même un véritable château au centre-ville – en tout cas, il supposa que c'était un château – avec des murs de briques rouges et une tour carrée surmontée d'un toit pointu à pignon vert.

"Dites-moi qu'on est bien au Québec et pas dans l'atelier du Père Noël, dit Ethan.

- On est bien au Québec, confirma Annabeth. Une des villes les plus anciennes de l'Amérique du Nord. Fondée vers 1600.

- C'est quoi, ce château ? demanda Y/N.

- Un hôtel, je crois, dit-elle.

- Non ? fit Léo en riant. C'est pas possible !"

Mais quand ils se rapprochèrent, Y/N vit qu'Annabeth avait raison. La grande entrée était pleine de portiers, de voituriers et de chasseurs qui portaient des bagages. De luxueuses voitures noires s'enfilaient dans l'allée. Des personnes vêtues d'élégants costumes et de manteaux d'hiver se pressaient vers le bâtiment pour échapper au froid.

"Le Vent du Nord habite à l'hôtel ? demanda Léo. C'est pas...

- Regardez, les gars, interrompit Jason. On a de la compagnie !

Y/N baissa les yeux et vit ce que Jason voulait dire. Deux créatures ailées s'envolaient du haut de la tour : des anges en colère, armés d'épées un peu trop tranchantes à son goût.

Visiblement, les nouveaux venus ne plaisaient pas à Festus. Il s'immobilisa en plein vol en battant des aile, darda les serres et poussa un grognement de gorge qui, venant d'un dragon de métal, ne pouvait signifier qu'une chose : il s'apprêtait à cracher du feu.

"Calme-toi, mon grand, lui murmura Léo.

- Je n'aime pas ça, dit Piper. On dirait des esprits de la tempête."

Un œil peu habitué pouvait se laisser avoir, mais les anges avaient bien plus de corps que les esprits de la tempête. À part leurs cheveux de glace et leurs ailes de plumes violettes, ils avaient l'air d'ados ordinaires. Ils brandissaient des épées aux bords irréguliers comme des stalactites et se ressemblaient suffisamment pour être frères, mais certainement pas jumeaux.

L'un était bâti comme un bœuf et affublé d'un maillot de hockey rouge, d'un pantalon de jogging large et de chaussures à crampons en cuir noir. Il était clair qu'il s'était bagarré un peu très souvent : il avait les deux yeux au beurre noir et quand il ouvrait la bouche, plusieurs dents manquaient à l'appel.

L'autre avait l'air tout droit sorti de la couverture d'un des vieux vinyles de Chiron : un groupe ringard. Ses cheveux blanc neige étaient coupés style footballeur des années 1980 : courts et bouffants sur le dessus et les côtés, longs derrières. Il portait des souliers de cuir pointus, un pantalon de styliste beaucoup trop moulant et une abominable chemise en soie largement ouverte sur le torse. Il s'imaginait peut-être qu'il avait une dégaine de dieu de l'amour, mais vu qu'il devait peser quarante-cinq kilos tout mouillé et qu'il était couvert d'acné, l'effet était raté.

Les anges s'immobilisèrent en planant devant le dragon, l'épée au clair.

"Pas le droit de passer, grogna Tête de Bœuf.