Chicago

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Fuir quand il le faut, combattre quand on n'a pas le choix et se reposer quand on le peut : voilà un bon résumé de la vie d'un sang-mêlé. Alors, quand ils décolèrent sur le dos de Festus le dragon de bronze, Y/N décida de piquer un somme.

Il rêva qu'il était debout dans une cage de terre. Des vrilles végétales et minérales, un mélange de racines d'arbres et de tentacules de pierre, le retenaient prisonnier. Il aperçut, derrière les barreaux, le fond d'un miroir d'eau desséché, une flèche de pierre qui se dressait à l'autre bout du bassin et, au-dessus, les ruines calcinées d'une maison en pierre rouge.

Dans la cage, une femme était assise en tailleur à côté de lui, vêtue d'une ample robe noire, la tête recouverte d'un voile. Elle écarta ce dernier, montrant un visage fier et beau, mais marqué par la souffrance.

"Mère, laissa échapper Y/N.

- Bienvenue dans ma prison, Y/N, dit Héra. Tout semble aller pour le mieux pour toi... pour l'instant.

- Pour l'instant ?"

La déesse désigna les tentacules qui formaient les barreaux de sa cage.

"Des épreuves pires se préparent. C'est la terre elle-même qui s'agite et se lève contre nous.

- Qu'est-ce qui t'empêche de t'enfuir ? demanda-t-il."

Elle sourit tristement. Sa silhouette se mit à luire, et l'éclat qu'elle dégageait emplit bientôt la cage. C'était une lumière douloureuse et puissante, qui faisait vibrer l'air et en disloquait les molécules, comme lors d'une explosion nucléaire. Y/N savait que s'il avait été présent en chair et en os, il aurait été pulvérisé.

La cage aurait dû être réduite en gravas. Le sol aurait dû s'ouvrir et la maison en ruine être définitivement rasée. Pourtant, quand la brillance s'éteignit, la cage n'avait pas bougé. Derrière les barreaux, rien n'avait changé. Seule Héra paraissait différente : un peu plus voûtée et fatiguée.

"Certains pouvoirs sont plus forts que les dieux, dit-elle. Il est très difficile de me maîtriser. Je peux être à plusieurs endroits en même temps. Mais si jamais la majeure partie de mon essence est capturée, c'est comme si j'avais le pied dans un piège à ours, si tu veux. Je ne peux pas m'enfuir et je suis cachée aux yeux des autres dieux. Tu es le seul à pouvoir me trouver, et je m'affaiblis de jour en jour.

- Alors pourquoi es-tu venue ici ? demanda Y/N. Comment t'es-tu retrouvée prisonnière ?"

La déesse soupira.

"Je ne supportais pas de rester sans rien faire. Zeus s'imagine qu'il peut se retirer du monde et que cela suffira à calmer nos ennemis et les renvoyer dans leur sommeil. Il estime que nous autres Olympiens, nous nous sommes trop impliqués dans les affaires des mortels et dans le sort de nos enfants demi-dieux, surtout depuis que nous avons accepté de les revendiquer, à l'issue de la guerre. Il croit que c'est cela qui a amené nos ennemis à s'agiter. C'est pour cette raison qu'il a fermé l'Olympe.

- Mais tu n'es pas d'accord.

- Non. Il m'arrive souvent de ne pas comprendre les décisions et les humeurs de mon mari, et celle-ci, même venant de Zeus, me semblait excessive. Je n'arrive pas à m'expliquer pourquoi il était aussi convaincu, aussi insistant. Cela ne lui ressemblait pas. Et je n'allais certainement pas m'incliner devant lui à un moment aussi crucial pour toi. Je ne pouvais pas rester sans rien faire alors qu'on attaque mon fils. J'ai senti un danger en ce lieu sacré. Une voix..."

Elle hésita.

"... une voix m'a incitée à venir ici. Les dieux ne sont pas dotés de ce que tu appellerais une conscience, et nous ne rêvons pas non plus, mais j'ai entendu cette voix, douce et insistante, qui me disait de venir ici. Alors, le jour même où Zeus a fermé l'Olympe, je me suis éclipsée sans lui faire part de mes plans pour qu'il ne s'y oppose pas. Et je suis venue voir ce qui se tramait.

Annabeth Chase x Lecteur (Reader) - Le héros perdu - Livre 6Où les histoires vivent. Découvrez maintenant