Autant en emporte le vent

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Tandis qu'Y/N et les autres montaient les escaliers de pierre, le seul qui semblait guilleret, c'était l'entraîneur. Hedge caracolait sur les marches, grimpait et redescendait sans cesse vers eux. "Allez, les p'tits cocos, plus qu'un millier de marches !"

Y/N et les autres respectaient le silence de Jason. Ils sentaient qu'il n'était pas d'humeur causante. Après tout, en moins d'une heure, il avait retrouvé et perdu sa sœur et appris que sa mère était un des pires parents possibles.

Léo ne cessait de tapoter ses jambes pour vérifier que son pantalon ne prenait pas feu. Il ne fumait plus, mais l'incident de la passerelle l'avait sérieusement secoué. Il n'avait pas eu l'air de s'apercevoir qu'il avait de la fumée qui lui sortait par les oreilles et des flammèches dans les cheveux. Si Léo se prenait de combustion spontanée à chaque émotion forte, la vie allait être compliquée. Être au fast-food avec lui : "Je voudrais un cheeseburger — Ahhh ! Mon ami s'enflamme ! Vite, un seau d'eau !"

Ils atteignirent enfin le sommet de l'îlot. La forteresse et son parc étaient entièrement encerclés de murs de bronze, et Y/N se demanda qui pourrait bien vouloir attaquer la place. Un portail de sept mètres de haut s'ouvrit sur une route de pierre violette et lisse qui menait à la citadelle principale, une rotonde blanche à colonnades de style grec. Cette dernière ressemblait beaucoup à un des monuments de Washington, à la différence près que son toit était hérissé d'antennes radio et de paraboles.

"C'est bizarre, commenta Piper.

- À croire qu'on reçoit pas le câble sur les îlots flottants, dit Léo. La vache, visez un peu le jardin !"

La rotonde trônait au centre d'un cercle de quatre cents mètres de rayon. Ce parc était à la fois surprenant et effrayant. Il était divisé en quatre quartiers pareils à de grandes tranches de pizza, qui représentaient une saison chacune.

La part qui se trouvait à leur droite était une étendue couverte de glace, avec un lac gelé et des arbres nus. Des bonshommes de neige roulaient au sol, ballottés pas le vent, et Y/N n'arrivait pas à voir s'ils étaient vivants ou juste décoratifs.

À leur gauche, il y avait un jardin d'automne aux teintes rouges et mordorées. Des tas de feuilles mortes se soulevaient pour former des silhouettes – de dieux, de gens, d'animaux – qui se mettaient à courir l'une après l'autre, puis se dispersaient.

Plus loin, derrière la rotonde, Y/N distingua deux autres secteurs. L'un, avec ses moutons faits de nuages cotonneux, évoquait un pâturage verdoyant. L'autre était un désert où des boules d'herbes sèches, roulant sur le sable, traçaient des motifs étranges qui ressemblaient à des lettres grecques, des visages souriants et même une immense pub : NE MANQUEZ PAS ÉOLE-SOIR !

"Un secteur pour chacun des quatre dieux du Vent, devina-t-il. Les quatre points cardinaux.

- Ce pâturage a l'air fabuleux, dit Hedge en se léchant les babines. Ça vous ennuie, les gars, si...

- Allez-y ! s'empressa de dire Y/N."

Il était soulagé, en fait, d'envoyer l'entraîneur voir ailleurs. Il serait sans doute assez difficile d'entrer dans les bonnes grâces d'Éole, sans ajouter Hedge agitant son gourdin aux cris de "Vas-y ! Crève !"

Tandis que le satyre partait attaquer le printemps, Y/N, Annabeth, Ethan Jason, Léo et Piper descendirent la route qui menait aux marches du palais. Ils franchirent bientôt le grand portail et débouchèrent dans un vaste hall de marbre blanc décoré de bannières violettes : CHAÎNE DES CAPRICES DU CIEL, ou simplement CANAL CC.

"Bonjour !"

Une femme flotta vers eux. Flotta littéralement. Elle avait ce type de beauté qu'Y/N connaissait chez les esprits de la nature de la Colonie des Sang-Mêlé : menue, des oreilles légèrement pointues, le visage sans âge d'une femme pouvant avoir seize ans comme trente. Ses yeux bruns pétillaient de bonne humeur. Malgré l'absence de vent, ses cheveux foncés se soulevaient au ralenti, comme dans une pub pour shampoing, et sa robe blanche l'enveloppait d'une corolle souple et mouvante ; Y/N se demanda si elle avait des pieds – si oui, ils ne touchaient pas le sol. Elle tenait une tablette tactile blanche à la main.

Annabeth Chase x Lecteur (Reader) - Le héros perdu - Livre 6Où les histoires vivent. Découvrez maintenant