Annabeth Chase x Lecteur (Reader) - Le héros perdu - Livre 6

La Maison du Loup

Ils entrèrent dans des nuages d'orage.

Au début, Annabeth crut qu'une pluie de grêlons criblait le pare-brise. Puis elle vit que c'était de la neige fondue. Le givre se formait rapidement sur le tour de la vitre et des vagues de glace molle et mouillée lui barraient la vue.

"Une tempête de verglas ? cria Y/N pour couvrir le bruit du moteur et du vent. Depuis quand il fait si froid dans le comté de Sonoma ?"

Annabeth n'en était pas certaine, mais il lui semblait détecter dans cette tempête une malveillance consciente : comme si elle les frappait délibérément.

À l'arrière, Ethan, Jason, Piper et Léo s'agitèrent. Serrés, ils se penchèrent vers l'avant de l'hélico en s'agrippant aux dossiers d'Annabeth et Y/N.

"Je crois qu'on approche, dit Jason."

Annabeth était trop occupée à se battre avec le manche à balai pour répondre. Quasiment d'un instant à l'autre, l'hélico était devenu très difficile à piloter ; il manquait de reprise et ballottait dans le froid glacial. Puis les commandes refusèrent de répondre et ils se mirent à perdre de l'altitude.

Le sol, en dessous d'eux, formait un sombre tapis de bois noyés dans le brouillard. La crête d'une colline se dressa sur leur trajectoire et Annabeth tira brutalement sur le manche : moins une ! L'hélico passa au ras des cimes d'arbres.

"Là-bas ! cria Jason."

Une petite vallée s'ouvrait devant eux et ils distinguèrent, en plein milieu, la forme obscure et floue d'une bâtisse. Annabeth mit le cap dessus. Des éclairs de lumière crépitaient tout autour de la maison, ce qui lui rappela la propriété de Midas. Des arbres, en lisière de la clairière, explosaient. Des silhouettes se mouvaient dans la brume. Le combat semblait faire rage partout.

Annabeth posa l'hélicoptère dans un champ gelé, à une cinquantaine de mètres de la maison, et coupa le moteur. Elle allait pousser un soupir de soulagement quand elle entendit un sifflement et aperçut une forme sombre qui surgissait du brouillard et fonçait droit sur eux.

"Sortez ! hurla-t-elle."

Ils s'éjectèrent tous les six de l'hélicoptère et s'éloignèrent en courant. À peine avaient-ils fait quelques enjambées qu'une explosion retentissante secoua le sol. Annabeth s'étala par terre, sous une pluie d'éclats de glace.

Elle se releva, les jambes flageolantes, et vit que la plus grosse boule de neige du monde – de la neige, de la glace et de la terre agglutinées en un projectile de la taille d'un garage – avait carrément aplati le Bell 412.

Y/N et les autres la rejoignirent. À part des éclaboussures de boue et de neige, ils avaient l'air indemnes.

"Ça va ? demanda Y/N.

- Ouais, fit Annabeth.

- On devra un hélico neuf aux parcs nationaux, dit Ethan."

Piper tendit le doigt vers le sud.

"Les combats se passent là-bas, dit-elle, avant de froncer les sourcils, l'air perplexe. Non... en fait, il y en a tout autour de nous."

Elle avait raison. La vallée entière résonnait de bruits et de cris. La neige et le brouillard interdisaient toute certitude, mais Annabeth avait quand même l'impression que la Maison du Loup se trouvait au centre d'un anneau de combats.

Les ruines du rêve de Jack London se dressaient derrière eux : des pans de murs de pierre rouge et grise, une carcasse de grosses poutres rustiques. Annabeth n'eut pas de mal à imaginer à quoi ressemblait l'édifice, avant l'incendie : un croisement de cabane en rondins et de château comme pouvait en construire un bûcheron milliardaire. Mais là, pris dans la brume et cette horrible neige fondue, les lieux dégageaient un sinistre sentiment de solitude. Elle voulait bien croire que les ruines étaient maudites.