Le Dernier Shadoniste ne pardonna jamais la Dama del Sol pour son abandon.
Pendant les semaines qui suivirent, le Faune et lui errèrent à travers les campagnes, cherchant leur ancienne amie. En vain. Le Shadoniste en conclut qu'elle avait traversé la frontière pour rejoindre les forces médiocres dans le pays de la Nullité, où s'étendent les ombres.
Le Faune et le Shadoniste s'arrêtèrent dans une taverne pour faire le point. Le Faune était de toute évidence déchiré par la mésentente qui s'était créée entre ses deux amis. Ordinairement volubile, ses mots se faisaient rares.
Le Shadoniste reposa bruyamment sa choppe de bière.
– Elle peut fuir. Je la trouverai.
– Et si elle avait raison ? risqua le Faune. Et si la poésie avait sa beauté ?
Il n'en dit pas plus. Il n'en avait pas besoin.
Le Shadoniste avait lu dans son regard. Il avait perçu son malaise, il avait noté la main hésitante qui frottait ses cheveux.
– Toi aussi, mon frère. Toi aussi, tu aimes la poésie.
Le Faune ne répondit pas.
– Va, dit le Dernier Shadoniste avec un calme qui les étonnèrent tout autant l'un que l'autre. Rejoins-la. Et, lorsque je vous retrouverai, je vous tuerai tous les deux.
Le Faune était un guerrier d'une rare vaillance, mais il avait lu la lueur meurtrière sous le capuchon du Shadoniste. Il savait qu'on ne luttait pas contre la Mort.
Il vida sa choppe, se leva, et sortit.
Le lendemain, le Dernier Shadoniste traversa les montagnes du Flou artistique et atteignit, seul, les premiers villages de la Nullité. Les maisons à l'architecture branlante étaient reconnaissables entre toutes, de même que les habitants mal vêtus.
Cette vue ne fit que nourrir la haine du Shadoniste.
Les civils médiocres, eux, avaient reconnu la silhouette terrifiante du Cavalier de l'Éditocalypse. La plupart s'étaient enfui à son approche ; les autres se terraient chez eux.
Un soldat – courageux pour un Médiocre – tenta de s'interposer. Ou peut-être n'avait-il pas eu le temps de se dissimuler. Il tremblait de tous ses membres lorsque le Dernier Shadoniste s'approcha de lui, sur son fier panda.
– La Dame del Sol. Où est-elle ?
– Je sais pas. Je ne l'ai vue jamais.
Le Shadoniste grimaça en entendant son accent. Un solliciste.
– Tant pis, dit-il.
Et il tua le soldat.
Jour après jour, la terreur se répandit dans le pays de la Nullité. Le Dernier Shadoniste parcourait village après village, cherchait la Dama del Sol et le Faune, s'emparait des provisions des villageois et exterminait tous ceux qui lui résistaient.
La défense s'organisa.
Finalement, dix Médiocres l'attaquèrent au détour d'un chemin.
Il les mit en déroute.
Deux jours après, vingt soldats aguerris lui tendirent une embuscade.
Il les écrasa.
À la fin de la semaine, ce n'étaient pas moins de soixante vétérans qui lui tombèrent dessus.
Il les tua.
La fureur du Dernier Shadoniste était telle que ce guerrier notoire en était devenu invincible. Peu connu pour sa miséricorde, il était devenu impitoyable. Réputé pour son bellicisme, il en devenait monstrueux.
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Les Cavaliers de l'Éditocalypse
HumorJe chante les faits d'armes des trois Cavaliers de l'Éditocalypse - le Dernier Shadoniste, la Dama del Sol et le Faune. Ces trois héros, au prix d'efforts surhumains, cherchaient ce que d'aucuns appelleraient leur Graal: la Publication. Mais leur qu...