CHAPITRE 9

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〝 𝙹𝙴𝚄𝚇 𝙳𝙴 𝙿𝙾𝚄𝚅𝙾𝙸𝚁 〞

LOLA

Le lendemain, je trouvais Nick sur mon palier à six heures tapantes. Ce n'était pas surprenant.

En lui ouvrant la porte, je le regardais comme si je m'apprêtais à l'écorcher vif. Je savais que notre énième confrontation allait me gonfler.

Je réprimai un soupir.

À cause du produit anesthésiant, j'étais encore dans les vapes. Je ne savais pas comment j'avais atterri dans mon canapé, mais si Burford n'avait pas tambouriné comme un forcené à la porte, j'aurais pu dormir pendant encore quelques heures. Et après tout ce qu'il s'était passé cette nuit, j'avais encore l'impression d'être dans un mauvais film d'horreur.

J'ouvris la porte avec une énorme lenteur. De l'autre côté, face à moi, Nick était tout heureux. Je fus prise d'une soudaine envie de lui découper son petit sourire pour le lui faire ravaler. 

— Je t'avais dit que j'aurais un mandat pour demain matin...

Il remua le papier devant mes yeux. 

— ...et on est le matin.

Il me reluquait de la tête aux pieds, laissant un instant son regard s'attarder sur le jersey coupé qui me servait de pyjama. Je n'avais pas pensé à me couvrir avant de lui ouvrir.

— La nuit a été courte ?

Un éclair de haine me traversa et ce n'était même pas dû à sa phrase, mais plutôt au petit rictus insolent qui soulevait sa commissure. Chaque fois qu'il était à proximité, j'avais des envies de meurtre. Je ne disais pas un mot, m'efforçant à rester calme.

Je lui fis un petit geste de la tête pour lui faire comprendre qu'il pouvait entrer à l'intérieur. En longeant le couloir qui menait au salon, il observa les alentours d'un air suspicieux.

— Dracula n'est pas ici ?

Alors qu'il s'avançait vers moi, j'optais pour la solution de facilité en me taisant. De toute façon, mes poignets meurtris par la chaleur des cordes qui les avaient enserré me faisaient trop mal pour que je ne puisse réfléchir correctement. Une tonne de crème hydratante : voilà ce qu'il m'aurait fallu pour calmer mes irritations cutanées.

— Tu faisais plus la causette quand Will était dans les parages.

Un autre silence.

Comme je refusais de lui parler, Nick me tendit à nouveau le mandat. Mais ses sourcils se froncèrent à mesure que je restais immobile, les bras croisés. Il perdit patience et déposa la feuille sur la table du salon. Son regard se perdait au loin sur l'escalier. Ça me suffisait à comprendre ce qu'il avait derrière la tête. Je savais par où il voulait commencer ses recherches.

— Tu montes dans la chambre de Knox ? l'interrogeai-je.

— J'ai bien peur de ne pas te demander la permission.

Nick passa devant moi, sans me laisser une chance de riposter.

Je n'atteignais l'étage que quelques secondes après lui. Monter des marches me demandait un effort titanesque. En plus de ne pas beaucoup dormir, je ne mangeais pas grand-chose. Une goutte de sueur coula le long de mon front, s'attardant sur mon menton avant de s'écraser au sol. J'avais la tête qui tournait, et j'étais sur le point de vomir. 

— Laquelle est sa chambre ?

Puisqu'il se contenta de regarder à tour de rôle chaque porte close, j'en profitais pour m'essuyer le visage avec mon t-shirt (ou ce qu'il en restait).

UNDERDOGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant