UNDERDOG

CHAPITRE 25

〝 𝚂𝚄𝚁𝚅𝙸𝚅𝚁𝙴 〞

LOLA

— Knox !

— Merde... Pardon, lâcha-t-il.

Je grognais de douleur après que mon frère ait roulé dans une large fissure du macadam qu'il n'avait probablement pas vu. La roue de mon fauteuil roulant n'avait pas suivi le rythme, elle s'était presque bloquée. C'était la deuxième fois en un quart d'heure que ça arrivait.

Le grondement mécontent qui s'échappa d'entre mes lèvres ne le fit pas ralentir pour autant. Nous continuions d'avancer, rythmés par le son du vent qui nous entourait.

— On peut s'arrêter une seconde ?

— Pourquoi ?

Parce que personne n'aime être poussé dans le dos.

— J'aurais aimé cueillir des camomilles.

— Tu veux des fleurs ? me questionna-t-il.

— Oui. Je me suis dit que ça pourrait égayer un peu ma chambre.

Mais Knox ne ralentit pas.

— Je t'en achèterai, dans ce cas. Il y a un petit fleuriste qui a ouvert au coin de la 33ème. De l'extérieur, le magasin ne paie pas de mine, mais j'irai faire un tour.

— Non, c'est pas grave. Laisse tomber.

À cause de son entêtement, je laissai échapper un nouveau murmure de frustration.

J'ignorais s'il percevait la déception présente dans ma voix. J'ignorais aussi lequel de nous deux Knox essayait le plus de convaincre à travers cette proposition. Si j'avais été face à lui, j'aurais été tenté de sonder son regard pour y trouver la réponse. Mais, toute de suite, j'étais incapable de lorgner autre chose mes pieds.

— Tu as froid ?

Je tordais encore le tissu de mon sweat-shirt quand Knox me posa cette question.

— Un peu, oui. On peut aller récupérer une couverture dans ma chambre ?

— Euh... Non... Attends.

Avec beaucoup de précipitation, il enleva sa veste et la mit autour de mes épaules.

Son attitude balbutiait autant que sa bouche.

Il ne me l'avait pas dit, mais j'avais conscience de la difficulté pour Knox d'être ici. Ma présence à l'hôpital risquait de mettre en péril la complicité qui nous liait, lui et moi. Il ne risquait pas de revenir de sitôt après cette visite. C'est pourquoi je lui tenais la jambe depuis qu'il était arrivé. Cette balade n'était pas agréable, elle ressemblait plus à une sortie forcée qu'à une bonne promenade de santé, n'empêche que je n'avais pas envie de le voir partir pour autant.

Je voulais qu'il reste.

Mais Knox ne partageait pas mon point de vue. Il était silencieux et distant dès qu'il pouvait l'être. Lui demander de faire des efforts relever du miracles.

Et les miracles n'avaient plus de place dans nos cœurs depuis longtemps.

Les choses n'avaient jamais été simples, et mon frère avait quelques raisons de détester autant les hôpitaux. Notre mère était mort dans l'un d'entre eux, après un accident de voiture. Les médecins n'avaient rien pu faire.

Je tentai de le distraire :

— Le Docteur Simon a dit que mon cœur réagissait bien à l'implantation du pacemaker.