CHAPITRE 5

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〝 𝚀𝚄𝙰𝚁𝙰𝙽𝚃𝙴-𝚂𝙴𝙿𝚃 𝙷𝙴𝚄𝚁𝙴𝚂 〞

LOLA

— Tu es certaine de ne rien vouloir manger ?

La voix pourtant alourdie de Will ne semble être qu'un bourdonnement pour mes oreilles. Incapable de trouver quoi que ce soit à prononcer, je reste muette.

Les deux derniers jours sont passés avec une lenteur irréelle. Knox n'est toujours pas rentré. Trop préoccupée par le sort de mon frère, j'ai à peine dormi, à peine bu, à peine vécu. Cette situation est démunie d'un quelconque sens logique, à tel point que je parviens tout juste à réfléchir.

Mon sillage n'est dorénavant plus bercé que de désespoir et de déchirement.

— Lola ? Hé, ma belle, regarde-moi.

Je l'ignore et continue de fixer la télévision, laissant le scintillement de la lumière bleue de l'écran danser dans mes billes. Will n'insiste pas, comprenant qu'il n'est pas nécessaire de combler un appétit qui n'existe pas.

Depuis qu'il s'est pointé ici, il y a vingt-quatre heures de ça, après un énième entraînement, le basketteur insiste pour me voir manger. Je suis tellement tracassée que je n'ai pas été apte à avaler quoi que ce soit. Impatient à l'idée de revoir son ami, Will a tout autant été surpris que moi d'apprendre que celui-ci a cessé de donner signe de vie. Il a alors insisté pour rester à mes côtés et s'est occupé de moi avec tendresse et attention. 

Je n'y ai vu aucun inconvénient, après tout mon quotidien venait d'être bousculé par la disparition de Knox. Que Will soit ici ou ailleurs, ça ne change rien à ma vie. Je m'en moque pas mal.

Je suis à l'agonie sur un champ de mines. Tout est sur le point d'exploser sur mon passage et je ne peux rien y faire. D'ailleurs, l'insomnie est devenue ma meilleure amie et, je pleure tellement la nuit, qu'à l'aube, dès le réveil, une douleur martèle une partie de ma boîte crânienne.

— Est-ce que tu as pris tes médicaments pour le cœur ?

En ramenant la couverture plus haut sur mon corps, je remue faiblement la tête de haut en bas. Will le voit et aussitôt ses mains s'efforcent de me venir en aide. Il bloque le duvet sous mes fesses, jambes et derrière mon dos.

Le froid me happe malgré ce mois de juillet.

Étrange.

Will me ramène ensuite vers lui.

Comme une vieille routine, il me serre dans ses bras, mais penche sa tête sur le côté pour mieux m'observer. Il repousse une mèche de ma frange ondulée en arrière puis me donne deux baisers : un premier sur la joue, un second au coin de la bouche.

Le corps ankylosé par la fatigue de ces précédentes quarante-huit heures, je me laisse faire. Même si nous ne partageons pas les mêmes sentiments l'un envers l'autre, Will n'est pas malintentionné.

— Tu devrais fermer les yeux un peu, tu ne crois pas ?

Son interrogation est quasiment inaudible, à tel point que j'en viens à me demander si je n'ai pas rêvé cette phrase. Mon subconscient essaie certainement de m'envoyer un message, peut-être qu'il m'implore de lui laisser un peu de répit. 

J'ai bien essayé de me reposer, de laisser vagabonder mon imagination jusqu'à l'épuisement, mais, à chaque fois que je ferme les yeux, c'est Knox que je vois et c'est sa voix que j'entends.

Il me supplie de l'aider et de le ramener à la maison.

Et, affalée dans notre canapé, je suis impuissante.

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