UNDERDOG

CHAPITRE 23

〝 𝙰̀ 𝙲𝙾𝙴𝚄𝚁 𝙾𝚄𝚅𝙴𝚁𝚃 〞

TOM

Vers 18 heures, je me laissais lourdement tomber sur le canapé. C'était un petit moment de calme que je m'octroyais dès que je rentrais. Un moment qui ne durait jamais plus de cinq minutes.

Mes mains glissèrent dans mes cheveux, chassant quelques-unes des mèches un peu trop longues qui tombaient devant mes yeux.

La fatigue me gagnait. J'avais mal à la tête. J'ignorais si cette migraine était due à la fille que je venais de rencontrer dans des circonstances assez comiques ou à la garde de 20 heures que je venais de me taper.

Chaque jour, je traversais la moitié de l'État pour me rendre au Massachusetts General Hospital. Je parcourais les soixante-dix-sept kilomètres séparant Boston de Worcester en métro plutôt qu'en voiture, afin de pouvoir réviser pendant le trajet.

La formation pour devenir chirurgien cardiaque était assez complexe. Il faut compter douze ans d'études après le lycée pour obtenir une telle spécialité. D'après le docteur Simon, si je continuais comme ça, il ne m'en faudrait que onze. Autrement dit, en continuant de bosser d'arrache-pied, j'en aurais terminé avec les bouquins et les examens à mes vingt-neuf ans. L'espoir de finir l'internat avant mes trente ans me motivait à travailler autant.

Avec si peu de temps libre, je m'organisais au mieux. Je ne devais pas m'en sortir si bien que ça, puisque je n'avais pas réussi à aller chez le coiffeur depuis quatre mois. Encore quelques jours et je risque de ne plus pouvoir dissimuler ma tignasse dans mon calot chirurgical.

Problème capillaire mis à part, je marquai une pause.

Ça ne m'arrivait jamais, mais j'avais la flemme de réviser. Je n'allais pas réussir à penser artères ou ventricules cardiaques ce soir. Je n'allais pas réussir à penser à autre chose qu'à cette fille rencontrée dans l'ascenseur.

Lola.

En cette fin de journée, la fraîcheur était venue nous frapper de plein fouet. Pourtant, je n'avais pas hésité une seule seconde à lui donner ma veste.

Pour elle, j'étais rentré frigorifié de l'hôpital.

En toute franchise ?

Ça en valait la peine.

Un sourire se plaqua sur mon visage.

C'est ce même sourire qui suscitait la curiosité de mon frère.

Liam vient tout juste d'entrer dans la pièce.

Quand il posa une main sur mon épaule, j'ouvrai immédiatement les yeux.

J'avais toujours la tête penchée en arrière. Son corps était debout, à l'envers, au-dessus du mien.

— Pourquoi tu souris comme ça ?

Je laissai ma tête dodeliner à gauche puis à droite.

Liam voulait toujours tout savoir.

— Pourquoi je souris comme quoi ?

— Comme un idiot amoureux.

Je pris une grande inspiration, comme pour me donner du courage, puis finis par rompre le contact visuel. Je me levai du canapé pour éviter toutes ses autres questions.

— Tiens donc ! Est-ce que j'ai tapé dans le mille ?

Je tentai de fuir, mais Liam me barra la route.