CHAPITRE 13

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Note avant chapitre : pour ceux qui n'ont jamais vu le film « Goodbye, Lenin! » voici le synopsis : « Après qu'elle se soit réveillée d'un long coma, un jeune homme tente de cacher à sa mère que le mur de Berlin est tombé. » Ça peut avoir son importance pour le chapitre ...

〝 𝙶𝚘𝚘𝚍𝚋𝚢𝚎, 𝙻𝚎𝚗𝚒𝚗 ! 〞

LOLA

Quatre jours plus tard...

Le point positif de l'appartement de Nick est la vue qu'on a depuis la grande baie vitrée de son salon. Je n'avais jamais eu l'opportunité de voir le Nevada d'aussi haut.

Dans la nuit, les buildings allumés sont tellement proches les uns des autres qu'on a l'impression qu'une pluie étoilée flotte dans l'horizon. Les lumières ne s'éteignent pas et c'est ce qui me plaît le plus. D'un autre côté, être chez le policier, enfermée entre ses murs, me rend barge.

Les journées se succèdent, se ressemblent et sont de plus en plus pénibles, depuis que je suis sortie de l'hôpital. Je ne cache même plus mon ras-le-bol, sans savoir si Nick s'offusque ou non de mon agacement. Je me fiche pas mal qu'il passe ses journées au bureau, je suis même plutôt soulagée de ne pas l'avoir dans les pattes toute la journée, pourtant je dois admettre que j'en ai  marre de passer autant de temps dans son salon.

Je suffoque sous cette situation. J'aimerai simplement qu'il me laisse respirer et prendre un peu l'air : me dégourdir les jambes le temps de faire le tour du quartier. 

En entendant la clé dans la serrure, je ne réagis pas. Au beau milieu de la nuit, comme les trois précédents jours, Nick rentre enfin. Assise dans son canapé, les pieds sur la table basse, je caresse toujours tendrement son chat quand il passe le pas de la porte. 

— Bonsoir, me salue-t-il. 

— Bonsoir.

Ma voix éraillée par la fatigue prononce ce simple mot, dans un souffle à peine audible. Ses yeux me détaillent une seconde, s'attardant sur son t-shirt Las Vegas Police Department qui me couvre le corps. Je sais que c'est cette tenue qui l'intrigue un tant soit peu, c'est pour ça qu'il garde son attention gardée dessus. 

Merde, le monde ne va quand même pas s'effondrer autour de lui pour un t-shirt. 

Aujourd'hui, et pour m'occuper, j'ai lavé la vaisselle, passé l'aspirateur, fait tourner deux machines et nettoyé la litière du chat. Je n'ai pris une douche qu'après toutes ces corvées et je n'ai pas cherché à soigner mon apparence.

Mes cheveux bouclés me donnent un air désordonné, mais s'accouple parfaitement avec les chaussettes en coton trop grandes dans lesquelles je flotte. Nick doit bien faire cinq tailles de plus que moi. Malheureusement, même si je passais quelques unes de ses paires au sèche-linge, je ne suis pas certaine qu'elles rétréciraient suffisamment. 

— Je me suis occupée du linge, je lui explique. Tout est en train de sécher, alors j'ai dû te piquer des fringues. 

Il baisse les yeux, faisant abstraction de ce que je ne considère que comme un détail, et dépose son trousseau de clé sur le comptoir de la cuisine. Au moins, le regard impersonnel qu'il m'adresse me satisfait. 

Nick ouvre le réfrigérateur et en sort quelques aliments. 

La cuisine ouverte nous permet de communiquer entre les deux pièces et me laisse entendre le claquement d'un couteau contre une planche à découper.

Les hanches contre l'évier, un torchon sur l'épaule, il arrache un bout de pain de seigle avec ses doigts, le glissant jusqu'à ses lèvres. Le voir préparer à manger aussi calmement, aussi concentré, ça lui donne des airs de bon père de famille qui ne collent pas du tout avec sa véritable nature : celle du type arrogant et trop sûr de lui qu'il m'a offerte jusqu'à présent. 

UNDERDOGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant