UNDERDOG

CHAPITRE 7

〝 𝙻𝙰 𝙲𝙰𝙼𝙴́𝚁𝙰 𝙽𝙴 𝙼𝙴𝙽𝚃 𝙿𝙰𝚂 〞

LOLA

— Et si on descendait jusqu'à Fallon ?

Je marchai sur mes jambes flageolantes et frottai mon front brûlant.

Je n'ignorais pas inconsciemment la question de Will, mais on devait réfléchir à un endroit stratégique pour placarder les derniers avis de recherche que j'avais imprimés. Je fixai le peu d'affiches qu'il nous restait. Une dizaine à tout casser. J'étais tiraillée par l'envie d'accepter sa proposition et celle de poursuivre mes plans.

Nous avions déjà arpenté des tonnes de ruelles, de boulevards, de cafés et de stations essence. Plus le temps passait, plus c'était insupportable de voir le sourire de Knox, affiche après affiche. Pour la plupart des commerçants, ces bouts de papiers polluaient leurs vitrines. Quand je leur demandais s'il était possible d'en coller une ou deux sur leur devanture, ils soufflaient ou haussaient les épaules. Leur regard parsemé d'indifférence me faisait battre en retrait. En réponse, le désespoir présent dans mes yeux leur hurlait ma façon de penser.

C'est toujours comme ça. Il faut qu'une personne soit directement touchée par une situation pour qu'elle prenne enfin conscience de l'impact qu'elle peut avoir sur une vie.

— Et si on remontait plutôt vers McDermitt ? interrogeai-je Will d'un ton las.

Ce dernier fonça les sourcils.

— Tu penses que Knox aurait pu se rendre aussi loin ?

Un frémissement sillonna mon corps de part en part, glissant sur le moindre millimètre de mon épine dorsale.

Associer le prénom de mon frère à la moindre phrase me faisait flipper. Si jusqu'à présent j'étais parvenue à me rassurer comme je le pouvais, c'était simplement parce que j'évitais de prononcer ces quatre lettres à voix haute.

— J'en sais rien, dis-je en haussant les épaules. Je me suis dit que s'il lui était arrivé un truc grave, comme par exemple un...

Un énorme nœud se forma dans ma gorge, m'empêchant de terminer cette phrase.

— Un enlèvement ? murmura Will.

— Ouais.

J'ignorais depuis combien de temps exactement mon menton tremblait comme ça, mais c'était dur de paraître forte. Quand je me demandais qui pouvait bien détester mon frère au point de l'enlever, ça me rappelait juste que je ne connaissais pas Knox aussi bien que je le pensais.

C'était ce qui était le plus douloureux à accepter. Je ne savais rien de son travail, il n'en parlait jamais à la maison. Ce que j'avais retenu c'était qu'il bossait pour une petite entreprise de soin à domicile pour les personnes âgées. D'ailleurs, quand la petite mamie du coin avait appris que Knox pouvait jouer les infirmiers, pour un tarif raisonnable, elle avait sauté sur l'occasion. Le souci, c'était que j'ignorais le nom de cette entreprise et où elle se trouvait. Il n'avait pas jugé nécessaire de m'en parler.

— Si je veux remonter du côté de McDermitt, c'est parce que ça se trouve à la frontière de l'Oregon, j'explique à Will. Et puis, ce n'est pas très loin non plus de l'Idaho. J'ai vu sur Internet qu'il y avait une grande station essence sur l'Interstate 95. Le gérant acceptera peut-être de nous laisser coller une affiche sur sa vitrine. Enfin... ce que j'essaie de te dire, c'est que si je kidnappais quelqu'un, je chercherais à rejoindre un autre État.

— Ou un autre pays, poursuit Will.

Je ne répondis rien, pourtant mon regard en disait long sur ma façon de penser.