CHAPITRE 3

11.6K 513 187
                                    

〝 𝙻𝙴 𝙼𝙾𝚃𝙴𝙻  〞

LOLA

Après avoir passé le seuil de la porte, appeler Knox est la chose la plus logique que je puisse faire.

Le téléphone à l'oreille, j'essaie de me calmer, mais rien à faire. Les tonalités passent sans que Knox ne décroche. J'ai peur qu'il ne lui soit arrivé quelque chose de grave. C'est complètement stupide. Il est un peu tard pour m'inquiéter, alors que mon frère vient de passer un mois, seul, sur la côte Est du pays. Mais c'est plus fort que moi.

Ça ne devrait pas être une surprise, pourtant il m'a fallu passer quelques semaines sans Knox pour m'apercevoir que j'étais prête à tout affronter pour l'avoir à mes côtés. Contrairement à lui, un peu de solitude ne m'a pas fait le plus grand bien. Je n'ai pas eu plus d'espace pour réfléchir ou pour profiter du quotidien.

Knox.

C'est lui, mon quotidien.

Mon frère fait finalement taire l'angoisse qui monte en moi quand il décroche. Lorsque j'entends sa voix, les questions que je me posais, et pour lesquelles je n'ai pas trouvé de réponses, cessent enfin de me retourner la tête.

— Tu n'as pas entendu ta sonnerie ? je lui demande le plus calmement possible.

— J'avais fourré mon téléphone dans mon sac. Désolé, il est tombé dans le fond, ça a été une galère pour le récupérer.

À l'autre bout du fil, j'entends les mélopées de la circulation. Knox doit probablement se trouver sur la bande d'arrêt d'urgence. Je serre mes lèvres un instant pour ne pas avoir à lui demander pourquoi il prend tant de risques pour rentrer aussi vite. Puis, je romps ce silence.

— Il y a un léger problème, Knox.

— Ah ouais ?

— Oui... Je ne vais pas pouvoir venir te chercher.

— Ah bon ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Rien de grave ? Est-ce que ça va, Lola ?

L'ennui déchire le timbre de sa voix.

Je lui mentirais, si je lui disais que tout allait bien et qu'il n'avait aucune crainte à avoir. Les cachotteries n'apportent rien de bon et les mensonges ne sont jamais beaux. 

Néanmoins, je vais devoir piquer de l'argent dans sa réserve secrète pour payer les frais de réparation de ma voiture. Je sais que Knox n'aurait pas été d'accord avec cette décision. C'est pour cette raison que je ne lui dirais rien.

Si mon frère a planqué une liasse de billets derrière une plinthe du salon, ce n'est pas pour rien. Il garde cette somme d'argent, au cas où.

Au cas où quoi ? Aucune idée.

Je sais juste que Knox préférait marcher trois cents kilomètres plutôt que de me voir prendre quelques dollars dans ses économies.

— Rien de grave, ne t'en fais pas, j'essaie de le rassurer. Ma voiture est tombée en panne. Tu sais comment est ma vieille Mercedes, elle est un peu capricieuse, je ne t'apprends rien.

— Merde ça fait chier, souffle-t-il.

— Alors... euh ...je me disais que, enfin peut-être, enfin je ne sais pas... tu aurais pu prendre un taxi pour rentrer jusqu'à North Valleys, histoire d'être à la maison ce soir ?

Un silence de mort se crée spontanément.

Même si je ne peux pas le voir, je sais que Knox est en train de se gratter l'arrière de la tête.

UNDERDOGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant