UNDERDOG

ÉPILOGUE

〝 𝙳𝚊𝚗𝚜 𝚞𝚗 𝚊𝚞𝚝𝚛𝚎 𝚝𝚎𝚖𝚙𝚜 𝚎𝚝 𝚊̀ 𝚞𝚗 𝚊𝚞𝚝𝚛𝚎 𝚎𝚗𝚍𝚛𝚘𝚒𝚝, 𝚜𝚘𝚞𝚜 𝚞𝚗 𝚌𝚒𝚎𝚕 𝚙𝚕𝚞𝚜 𝚕𝚞𝚖𝚒𝚗𝚎𝚞𝚡 𝚎𝚝 𝚖𝚘𝚒𝚗𝚜 𝚙𝚕𝚞𝚟𝚒𝚎𝚞𝚡 .  〞

NICK 

Trois ans plus tard,

Berlin, Allemagne,

— Möchten Sie einen Keks, Herr Burford ?

Je regagnai ma chaise de bureau en souriant.

Les autres élèves s'étaient précipités hors de la salle en un rien de temps, mais Zoey, elle, s'était empressée de courir à mon bureau, parée d'une boîte en plastique pleine de cookies aux noisettes (biscuits qu'elle avait sortis de son énorme sac à dos qui était presque plus grand qu'elle).

C'était ridicule... Je me demandais comment elle pouvait réussir à soulever un cartable aussi lourd en étant si petite. Ses parents devaient lui prévoir une carrière de quarterback, étant donné qu'ils lui faisaient soulever ce sac – ou plutôt cette énorme masse – chaque jour. 

— Si tu essayes de me dire cette phrase en anglais, je veux bien en goûter un.

Je ne manquais pas de remarquer qu'elle plissait les yeux, derrière ses petites lunettes rondes et sa frange. Je soutins son regard, tête penchée sur le côté, refusant de me laisser attendrir par son air de chien battu.

Elle devait être surprise de m'entendre lui faire du chantage, alors que l'endroit dans lequel je travaillais était un endroit qui prônait l'intégrité et l'encouragement. Mais je commençais à comprendre que je n'avais pas vraiment d'autre choix pour la faire progresser dans mes cours.

Zoey était l'une des rares élèves qui venaient étudier l'anglais à contrecœur. Elle ne faisait aucun effort pour s'améliorer ou pour communiquer avec les autres étudiants ou moi dans une autre langue que l'allemand. J'avais fini par m'habituer à sa nonchalance et son manque d'entrain pour ma matière (bien plus qu'à la valise qui lui servait de cartable).

Franchement, à ce stade, je lui étais juste reconnaissant de ne pas s'endormir sur sa table pour rêver de pâtisserie.

Mon indulgence la concernant était en partie due au fait que Zoey, du haut de ses onze ans, adorait cuisiner. À tel point que les autres élèves et moi étions devenus ses goûteurs attitrés. Ses parents avaient passé un marché avec elle : si elle s'améliorait en anglais, ils accepteraient de remplacer une de ses deux leçons d'anglais par semaine par une leçon de cuisine.

Alors, j'allais me servir de la petite influence que j'avais sur elle pour la convaincre d'étudier un peu plus sérieusement.

— Allez, essaie, insistai-je gentiment.

Zoey bredouilla pendant quelques secondes, avant de se lancer.

— Woulez-wous... euh... kuki, M'sieur Burford ?

Sa façon de prononcer le mot cookie m'arracha un rictus.

Après m'avoir regardé engloutir la moitié du biscuit, Zoey patienta pour une réaction. Par deux fois, je faisais presque semblant de réfléchir pour la faire un peu mijoter. Mais en voyant mon hochement de tête, son visage s'adoucissait. J'essayai de garder ma voix la plus neutre possible, mais mon sourire jouait sur mon intonation.

— Je suis certain que tu as eu de l'aide pour faire ces gâteaux.

— Nein ! Non !

— Je plaisante. C'est très bon, Zoey.