Chaque fin de nuit relançait son début. Comme le héros d'Un jour sans fin, Oliver vivait une nuit qui se répétait inlassablement sauf que, contrairement au personnage du film, il ne s'en rendait pas compte puisqu'il dormait. Il ne vivait donc que dans ses rêves.
Répétition après répétition, ses rêves d'une nuit se dupliquaient à l'identique, du moins au départ, car, comme des photocopies de photocopies, d'étranges bruits commencèrent à brouiller leur clarté. Nourris par eux-mêmes, ses songes se déformèrent comme des rejetons dystrophiques issus de plusieurs générations de reproductions incestueuses. Les remugles cauchemardesques étaient trop insidieux pour le réveiller, mais assez puissant pour agir sur son organisme. L'horreur exponentielle de ses nuits eut raison de son cœur qui lâchait chaque soir un peu plus tôt. La mort n'était pas libératrice bien sûr. Elle signifiait tout simplement le début d'une nouvelle nuit.
Dans le film, le héros réussit à s'échapper de la boucle temporelle en réalisant de bonnes actions. Il avait une prise sur le réel. Ce n'était pas le cas d'Oliver, simple spectateur onirique de son propre supplice. Une lointaine partie de son inconscient avait compris la vérité, mais il ne pouvait que s'observer passivement mourir chaque soir un peu plus tôt.
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Solitude interdite et autres histoires
Science-Fiction« La solitude était illégale dans cette mégalopole du vingt-et-unième siècle. » « Entre le lit et le ventilateur de plafond aux quatre pâles aiguisées lévitait le corps du soldat Damien Sisdey. » « Si nous maintenons cette moyenne de dix-huit nœuds...