Pour Demain [MM]

Chapitre 4

Dans la salle d'attente Nathan faisait les cent pas, pendant que Tommy le regardait faire assis sur une des chaises de la pièce.

— Tu devrais t'asseoir, je suis sûr que ce n'était qu'un malaise.

— Tu devrais rentrer chez toi !

— Et tu vas faire comment pour rentrer chez toi hein ?

— Je vais me débrouiller, putain je ne suis plus un gamin ! Je n'ai besoin de personne !

Le blond se leva, le regard sévère. Il se rapprocha du brun en respirant lourdement.

— T'as besoin de personne hein ? On a tous besoin de quelqu'un !

Il tendit la main devant lui.

— Donne-moi ton téléphone !

Le plus jeune lui obéit sans faire d'objection, il sortit son téléphone de sa poche et le lui tendit. Il regarda le plus âgé s'agiter dessus avant de lui rendre.

— Tiens, j'ai mis mon numéro dedans. Quand tu auras fini ta crise d'adolescent rebelle, appelle-moi.

Il lui rendit son téléphone et il sortit de la salle d'attente sans même un regard en arrière. Nathan savait qu'il avait tout gâché, et qu'il devrait le retenir et s'excuser, mais il n'y arrivait pas. Il était borné, c'était son défaut. Mais quand Tommy avait voulu lui dire des mots réconfortants, au fond de lui il avait presque espéré que son père ne s'en sorte pas. Et il s'en était immédiatement voulu, reportant son agacement sur la seule personne présente pour lui à ce moment-là. Au même moment, un médecin rentra dans la salle et l'appela. Il l'informa que son père allait bien, mais que d'après les circonstances il serait préférable que celui-ci aille suivre une cure de désintoxication. Nathan lui expliqua que son père avait déjà été dans un centre pour suivre un programme, mais qu'à peine rentré à la maison au bout de quelques semaines il avait rechuté aussi vite que la foudre frappe le sol. Il s'en souvenait encore, il avait pu retrouver son père l'histoire de quelques jours, mais ça lui avait fait un bien fou de pouvoir le regarder dans les yeux et de sentir sa présence. Sa présence qui peu à peu était redevenue vide, et qui avait été comblée rapidement par toutes ses addictions. Il ne savait pas vraiment si dans le fond son père faisait ça par réelle addiction, par envie d'oublier une quelconque histoire, ou tout simplement parce qu'à chaque fois cela le rapprochait un peu plus près de la mort.

L'échec de son père était en train d'emporter toute la famille dans les eaux les plus profondes, et Nathan était là à essayer de vouloir garder la tête à la surface, mais il commençait à se sentir submergé. Parfois, tout ce dont il rêvait c'était de pouvoir vivre simplement sa vie d'adolescent. Il ne demandait pas qu'on lui rende sa mère, ou même qu'on le couvre d'or pour pouvoir s'acheter tous les derniers trucs à la mode, non il n'était pas du tout matérialiste, mais il aimerait ne pas avoir à se soucier de savoir comment va rentrer son père quand il sort. A se demander si toutes les factures ont bien été réglées en temps et en heure. A attendre d'avoir vraiment faim avant de manger, pour être sûr que les courses du mois ne partent pas trop vite. Tout ce qu'il voulait c'était de pouvoir rentrer de sa journée de cours, pouvoir partager ses moments autour d'un repas, même une boîte de conserve, avec son père. Il voulait se sentir écouté, et encouragé. Il voulait se sentir aimé, lui aussi souhaitait se demander avec quelle fille il comptait passer la soirée et le reste de sa vie, comme le font ses amis. Il aimerait pouvoir inviter ses amis à la maison, et franchement, oui même dans son mobile-home, sans avoir honte de sa situation. Mais la vérité était qu'il avait peur de son père, il ne savait jamais sur quel pied danser, et si jamais il invitait des gens, quel serait le comportement de son paternel ? Il commençait à être épuisé, il en avait marre. Il s'était retenu toutes ces années à vouloir se montrer fort, mais là à cet instant, il le sentait, son pied était attaché à une corde à ce monstrueux paquebot en train de sombrer, et sa tête commençait peu à peu à passer sous l'eau.