Les bannis - partie 1 -

612 42 5
                                    



Kingsley Shacklebolt récupéra les deux prévenus des mains agressives de ses deux subordonnés. Il n'avait pas été sans remarquer comment ces Aurors avaient traité Harry et Severus dans l'antichambre précédant la salle d'audience, et surtout les paroles insultantes balancées méchamment. Le grand noir retira les menottes magiques et prit chacun des deux sorciers par un bras. Il les conduisit dans un box et les installa sur un banc de bois noir ciré, avant de les abandonner là sans un mot.

Harry entendit Severus soupirer. Il tourna la tête vers lui et le vit baisser le nez et fixer ses mains posées sur ses genoux. Il fut un instant tenté de repousser le rideau de cheveux noirs qui masquait les yeux d'onyx de son amant. Sachant que leurs gestes étaient certainement surveillés, Harry s'abstint et murmura.

— Tout va bien, Sev' ?

— Tu as vu où on est ? répondit l'homme sans lever les yeux.

Le Gryffondor se redressa alors et, de son regard émeraude, il balaya la vaste salle qu'il n'avait pas encore découverte. Les murs de pierres nues étaient éclairés par quelques torches, tandis qu'un immense chandelier, couvert de bougies dégoulinantes de cire, illuminait la pièce ronde. Un hémicycle constitué de gradins et bancs du même bois noir ciré que leur box des accusés se trouvait en face d'eux. Chaque place était occupée par un sorcier ou une sorcière vêtu d'une robe austère d'un pourpre très foncé qui semblait presque noir et d'une haute toque assortie. Les visages sévères et hostiles les toisaient sans aménité.

Au centre de la pièce, au beau milieu de la superbe rosace de carrelage qui ornait le sol, trônait un sinistre et large fauteuil de pierre bardé de chaînes. Cette vision fit frissonner Harry sans le vouloir et il détourna son regard du siège afin d'examiner le reste de la pièce. Amélia Bones, qu'il connaissait comme la tante de Susan élève de son année à Poufsouffle, était installée à un pupitre nettement plus haut que les autres. Visiblement, c'était elle qui présidait les débats. La sorcière avait des cheveux châtains ramassés en un chignon soigné et un de ses yeux clairs arborait un curieux monocle en or agrémenté d'une fine chaîne du même métal. L'arrogant et pompeux Percy Weasley, qu'il détestait, était assis à un pupitre beaucoup plus bas que celui de Madame Bones. Il avait sur sa tablette des tas de dossiers et de parchemins, ainsi qu'une plume et un encrier. Visiblement, cet imbécile était le scribe ou le greffier, Harry ne savait pas quel était le terme adéquat dans le Monde Magique.

C'était bien sa veine... non seulement il était arrêté, mais sa vie personnelle la plus intime et secrète était étalée dans les journaux et les détails allaient bientôt être recopiés par le seul fils Weasley qu'il détestait plus que Ron.

Les gradins se remplissaient des ultimes arrivants et Cornélius Fudge fut l'un des derniers membres à s'installer à sa place. Il occupait un autre pupitre, presque aussi haut que celui d'Amélia Bones, mais placé au bout de la première rangée de sièges, un peu à l'écart de la présidente et de son greffier.

Alors que la porte de l'antichambre des membres du Magenmagot allait se refermer, Albus Dumbledore entra. Harry le vit et se sentit soulagé par sa présence. Il donna un léger coup de coude à Severus Rogue près de lui, afin de le prévenir.

— Sev' ! Regarde, Dumbledore est là ! Whaouuuu ! Je l'ai jamais vu fringué comme ça !

Le Maître des Potions leva la tête à contrecœur. C'était dans cette même salle d'audience qu'il avait été jugé et acquitté en 1981 de ses activités de Mangemort. En la quittant libre comme l'air grâce à Dumbledore, il s'était juré qu'il n'y remettrait jamais plus les pieds de toute sa vie, tant l'épreuve avait été ardue. Et pourtant, moins de seize années après, il se trouvait de nouveau dans le box des accusés... pour un baiser. Pour avoir simplement embrassé celui dont il était amoureux et dont il était aimé aussi, il n'en doutait plus.

IntoléranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant