Les bannis - partie 2 -

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Arthur Weasley était installé à un bout de la longue table de la cuisine, contrairement à son habitude car c'était normalement la place de Molly. Le visage fermé, il regardait, l'un après l'autre, ses enfants qui avaient pris place de chaque côté de ladite table. Bill et Charlie, joins par cheminette, avaient réussi à se faire remplacer pour l'après-midi. Ils affichaient une mine inquiète car leur mère leur avait annoncé un conseil de famille impromptu. Les deux aînés ignoraient la raison de cette réunion et s'en inquiétaient vivement. Bien entendu, Molly avait refusé de dévoiler quoi que ce soit avant que tout le monde ne soit réuni.

Juste après le repas de midi, Cornélius Fudge avait appelé Arthur par cheminette et s'était plaint de Percy et de Ron. Le Ministre n'avait pas digéré les remontrances publiques de Dumbledore et avait passé sa mauvaise humeur sur le Directeur du Bureau des Détournements de l'Artisanat Moldu. Arthur en avait profité pour interroger habilement Cornélius sur les évènements de sa matinée et le petit homme au chapeau melon vert ne s'était pas fait prier pour lui raconter absolument tous les détails. Afin de calmer son supérieur, le rouquin avait pris fait et cause pour lui, et affichant une mine sévère et outrée, avait promis de sévir et de morigéner ses enfants.

À peine Fudge avait-il coupé la communication que la cheminée s'était rallumée, et que la tête d'Albus Dumbledore était apparue dans les flammes vertes. Le vieux mage avait raconté au père déboussolé ce qui s'était vraiment passé à Poudlard et Arthur était depuis fou de rage après Ronald. Il excusait quelque peu Percy qui visiblement avait été abusé par son frère. Quiconque connaissait Percy Weasley savait que le garçon avait avalé un Code Pénal Magique et allait réagir au quart de tour.

Dès son arrivée au Terrier, Percy s'était vu reprocher sa naïveté par son père.

— Mais enfin, Percy, tu sais comment est Ron ! Il a toujours aimé faire des histoires aux autres en racontant des choses plus ou moins inventées. Tu le sais pourtant ! Combien de fois il a tenté de faire punir les jumeaux ou même toi lorsqu'il était plus jeune ?

L'ancien Préfet avait alors compris que son frère s'était encore servi de lui. Comme autrefois...

Lorsque ce petit mécréant – renvoyé de Poudlard deux semaines, encore en plus – allait réapparaître au Terrier, il allait lui passer un de ces savons ! Foi de Percy Weasley !

Il n'était pas question qu'un de ses frères se serve de lui et lui cause des soucis avec son supérieur hiérarchique qui n'était autre que le Ministre lui-même !

Molly avait transplané jusqu'à la gare de King's Cross à l'heure prévue pour le retour de Ron. Arrivée deux ou trois minutes en avance, elle avait vu le Poudlard Express s'immobiliser sur le quai 9 ¾ et regardé son fils en descendre, la mine revêche, entouré des quatre ou cinq habitants de Pré-Au-Lard qui avaient à faire à Londres ce jour-là : une mère visiblement débordée, accompagnée de quatre enfants en bas âge.

Comme Arthur l'avait craint en son for intérieur, son épouse n'avait rien reproché à Ron. Elle l'avait écouté se répandre en lamentations et s'horrifier de l'anormalité et de la déviance officiellement révélée du Sauveur et de son complice, le sale Mangemort Rogue.

Lorsqu'ils étaient rentrés au Terrier, la donne avait changé. Arthur connaissait tous les détails grâce à Dumbledore et si Molly était assez aveugle et bourrée de préjugés pour croire Ron et abonder en son sens, lui, ne marchait pas ! Ronald avait été conduit dans une chambre déserte où son père lui avait fait la leçon et passé un savon mémorable. Chose inédite pour le rouquin, il s'était pris deux ou trois maléfices cuisants qui allaient l'empêcher de s'asseoir confortablement pendant quelques heures voire quelques jours.

IntoléranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant