Une longue descente en enfer

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Severus Rogue franchit les Grandes Portes donnant sur l'extérieur en utilisant la poterne qui l'obligea à se baisser un peu. Il sentit le regard d'Harry sur lui et son cœur se serra légèrement à la pensée de ne plus le revoir avant un temps indéfini. La porte pivota seule sur ses gonds et se referma avec un petit claquement métallique qui résonna dans le silence matinal seulement troublé par quelques pépiements d'oiseaux.

Le Maître des Potions s'immobilisa dans le jardin et ferma les paupières. Il huma avidement les odeurs familières des lieux qu'il n'aurait plus jamais l'occasion de sentir, puis rouvrit les yeux et se morigéna pour sa sensiblerie. Le Monde Magique ne voulait plus de lui. Après tout ce qu'il avait fait et sacrifié, on le chassait comme un malpropre. Confusément, il se mit à rêver que le Ministère de la Magie s'en repente et le regrette gravement un jour, enlisé comme il était dans le passé, refusant de progresser et de retirer ses œillères. Alors qu'il s'avançait dans l'herbe encore humide de rosée qui mouillait ses bas de pantalons, Severus vit un petit groupe de sorciers en longues robes se diriger vers lui.

Albus Dumbledore, Minerva McGonagall, Pomona Chourave et Filius Flitwick approchaient avec des mines de circonstance. Minerva semblait stoïque mais Pomona sanglotait discrètement dans un mouchoir plus sale que ses gants de jardinage. Sur l'avant-bras sec du Directeur, un jeune hibou noir aux yeux également de cette couleur était installé et tournait sa petite tête dans tous les sens, sûrement pour tenter de découvrir ce qu'il pouvait bien faire là.

— Bonjour, Severus. En ce triste jour pour notre école bien-aimée, nous avons tenu à vous faire nos adieux. Sachez, mon garçon, qu'aucun des enseignants de Poudlard ne cautionne votre renvoi, surtout pour une raison aussi... particulière. Harry est majeur et libre de fréquenter qui il veut et le règlement de Poudlard n'interdit pas les relations entre élèves et professeurs.

— Parce qu'ils ont oublié de le rajouter dans le règlement, fit alors Minerva, ou bien ils n'ont jamais supposé que ça pouvait arriver, au cours des siècles passés.

— Il y a des chances que personne n'ait jamais osé, Minnie, poursuivit Flitwick de sa petite voix haut perchée. En tout cas, ça tombe bien. Comme ça Monsieur Potter ne peut pas être renvoyé pour cette raison, il n'a pas violé les règles de l'école !

— C'est... c'est pô juuuuuuste ! beugla alors Chourave en cachant son visage dans le chiffon sale qu'elle nommait mouchoir.

Allons, allons, Pomona ! Reprenez-vous, ma chère ! Il n'y a pas mort de sorcier, voyons ! tenta maladroitement Albus, peu habitué à devoir consoler des éléments féminins de son staff.

Le Maître des Potions, passablement surpris et il fallait le dire très ému par ces marques d'amitié, se racla bruyamment la gorge afin de se donner une contenance. Il choisit alors de se focaliser sur le hibou particulièrement original qui le dévisageait depuis son perchoir improvisé.

— Je peux savoir ce que vous faites avec ce hibou sur votre bras, Albus ?

— Mais mon cher enfant, ce petit trésor est tout simplement le cadeau que nous vous offrons à l'occasion de votre départ. Pomona nous a rappelé que vous ne possédiez pas de hibou personnel et comme nous souhaitons recevoir de vos nouvelles, Minerva a eu cette charmante idée et le choix de l'espèce a été collégial.

L'ex-professeur toussota et se racla encore une fois la gorge afin de dissimuler autant qu'il le pouvait son émotion. Il choisit alors de miniaturiser son carton et de prendre le temps de le ranger dans l'une de ses poches pour faciliter ses déplacements et les inévitables adieux.

Un Strix Huhula ? fit-il en tendant une main vers le jeune rapace. Ce n'est pas une chouette typique de nos contrées. Ceci dit, elle est magnifique et je vous remercie de votre attention. J'apprécie énormément.

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