Le début de la fin

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Il était 7h00 en ce dimanche matin lorsque les torches s'allumèrent seules dans la chambre du Maître des Potions. Elles étaient ensorcelées ainsi pour servir de réveil lors des week-ends et des vacances scolaires. Le reste du temps, une sonnerie stridente jetait l'occupant des lieux à bas du lit.

La lumière vacillante émise par les torches dévoila un spectacle inhabituel dans cette pièce froide et sans fenêtre. Le lit habituellement bien fait était ravagé et les drap et couvertures rejetés et entassés n'importe comment. Deux corps nus gisaient en travers de la couche, bras et jambes entrelacés. Un pot de chocolat à tartiner moldu largement entamé était abandonné sur l'une des tables de nuit avec une cuillère à soupe en or plantée dedans. Des traces suspectes de chocolat étaient encore visibles sur les corps inertes. Severus Rogue avait les poils de son ventre et de son pubis collés par la pâte sucrée.

Le sorcier était pâle, presque d'une façon maladive. Son système pileux bien noir, comme ses cheveux, tranchait sur sa peau blême. Il était fin, presque trop mince, mais malgré tout musclé. Il avait bien plus de poils sur le corps que le jeune homme qui dormait contre lui. Le peu de bronzage qu'il avait réussi à gagner pendant ses sorties avec Harry n'était plus qu'un souvenir. Le Gryffondor s'en était étonné car lui avait gardé ses couleurs, mais le Serpentard avait l'habitude. Jamais le maigre bronzage qu'il avait obtenu parfois dans son enfance n'avait persisté plus de quelques semaines.

Harry était nettement plus petit que son amant, mais pas beaucoup plus épais que lui. Les mauvais traitements et privations infligés par les Dursley avaient perturbé sa croissance. Jamais le Sauveur n'atteindrait la taille que la génétique avait prévue pour lui. Il stagnait depuis une année à un modeste mètre soixante-cinq, alors que le ténébreux professeur le dominait de son mètre quatre-vingt-six. Au désespoir du jeune homme, Hermione Granger l'avait maintenant dépassé lors de sa dernière poussée de croissance.

La lueur des torches ne réveilla pas tout de suite le couple profondément endormi. Ils s'étaient tous deux assoupis tardivement après que le jeune sorcier aux yeux verts eut fait une démonstration à son amant, d'une certaine utilisation pas vraiment prévue par ses créateurs de la fameuse pâte à tartiner moldue au chocolat de la marque Nutella™. À la grande confusion de Severus, Harry lui avait tartiné le pénis de chocolat et s'était appliqué ensuite à le consommer à grands renforts de coups de langue et de soupirs bruyants de plaisir ou de gourmandise. Amusé par la démonstration, le rigide et sévère enseignant avait réciproqué le geste avec beaucoup d'enthousiasme, prouvant ainsi qu'il était capable d'apprécier une sucrerie, ce dont Albus Dumbledore doutait sincèrement. Les deux hommes avaient ensuite fait sauvagement l'amour, comme le prouvait l'état pitoyable du lit. Ils avaient sombré aussitôt après dans un sommeil réparateur, les angoisses de la soirée momentanément oubliées.

Le premier qui remua et papillota des paupières fut le plus âgé des deux. Il mit quelques instants à se souvenir où il était, n'étant pas habitué à la présence de quelqu'un dans son lit des cachots, et surtout à se trouver ainsi découvert. Normalement, il se couchait dans son lit aux draps impeccablement tendus et se réveillait bien couvert sans avoir quasiment bougé. Et là, par Merlin, la plupart des couvertures tombait sur le sol de pierre et le drap plus que froissé était emmêlé entre leurs pieds. Le couvre-lit matelassé vert et argent était invisible et avait donc dû passer par-dessus bord au pied du lit. En bref, ce n'était plus un lit, mais un grabat...

Les souvenirs de la veille lui revinrent en bloc et une sourde angoisse l'étreignit alors, lui tombant dessus comme une chape de plomb. Le souffle lui manqua soudain et il s'étrangla une seconde ou deux avant de pouvoir reprendre une bonne goulée d'air frais. Severus se tourna sur le côté et attira Harry contre lui, cherchant instinctivement le réconfort dans ses bras. Il se rendait compte qu'il agissait comme une midinette moldue mais ignorait pourquoi. Il avait un besoin presque viscéral de la présence du jeune Gryffondor et ceci le plus souvent possible. Jamais il n'avait ressenti une telle chose de toute sa vie et commençait à se demander si c'était cela qu'être amoureux. C'était une sensation exaltante mais aussi terrifiante et il comprenait qu'elle puisse perturber autant les Moldus, eux si familiers de ce sentiment, pourtant rarissime ou fortement dissimulé chez les sorciers.

IntoléranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant