Au secours ! - partie 2 -

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Harry et Severus s'immobilisèrent quelques secondes en percevant l'hostilité sur les visages des clients de la banque. Le Serpentard qui avait l'ouïe fine entendit même quelques paroles insultantes à propos de leur orientation sexuelle. Un gros sorcier rougeaud les toisa, et alors qu'Harry s'avançait vers un guichet libre, l'homme osa cracher sur le sol à son passage.

Le geste fit d'instinct Severus sortir sa baguette de la manche de sa robe. Mais avant qu'il ne puisse la pointer sous le nez du malotru, Harry avait tendu la main et fait un geste d'apaisement vers son amant. Il n'était pas utile d'en venir aux baguettes ou aux mains et d'aggraver leur cas.

La voix de crécelle de Gripsec résonna dans le hall de la banque :

— Si vous crachez à Gringotts, vous nettoyez ! TOUT DE SUITE !

Le bruit de ses petits pas pressés se fit entendre sur le carrelage et le gobelin habituellement chargé des wagonnets apparut et se dressa de toute sa petite taille devant le sorcier cracheur.

— Si vous ne nettoyez pas, nous ferons appel à un sorcier de ménage mais nous vous facturerons l'intervention trois gallions !

— Trois gallions ! C'est du vol, protesta l'obèse en robe grise.

— Quatre si vous protestez ! Et si vous recommencez, nous fermerons vos coffres.

— Pour un crachat ? Ce sont des criminels ! Je suis dans mon droit !

— On ne crache pas à Gringotts ! Peu importe la raison ! Et les Gobelins ne reconnaissant pas les jugements sorciers de cette nature, ces clients sont les bienvenus. Monsieur Potter, Professeur Rogue, approchez-vous du comptoir 5 et je vais traiter vos opérations.

Severus fit un petit signe de tête sec au gobelin et redressa ses épaules, toisant le malotru comme s'il était une crotte de noueux. Harry se contenta de lui jeter un vague regard, faisant presque comme s'il n'existait pas. Alors que le Serpentard traversait le hall, un sorcier très pressé le bouscula violemment. Severus, choqué, s'immobilisa et se retourna pour confirmer l'identité du maladroit. Une longue tignasse blond platine étincela deux secondes lorsque le soleil s'y refléta à l'ouverture de la porte donnant sur le Chemin de Traverse.

Lucius ? Mais pourquoi cette bousculade ?

— Sev' ? Mais pourquoi ce con t'a bousculé ? Je croyais que c'était ton meilleur ami ? chuchota Harry.

Le potionniste allait répondre qu'il ne comprenait pas quand il sentit une pesanteur étrange dans la poche de sa robe. Il glissa alors sa main à l'intérieur et perçut sous ses doigts la rondeur d'une bourse pleine. Il reconnut le toucher des pièces d'or à travers le cuir de dragon utilisé pour les bourses les plus chères. Lucius n'utilisait que ce genre de bourse...

Severus en fut aussitôt très vexé. Son ami le prenait-il donc pour un miséreux, pour lui faire ainsi l'aumône et d'une telle façon ? En le bousculant anonymement en plus ?

Son regard s'assombrit et sa mâchoire se serra.

Alors que nos deux sorciers se dirigeaient vers le comptoir 5 recommandé par Gripsec, Ragnok Pattes-de-Poule, le directeur, glissa sa tête hideuse par la porte qu'il venait d'entrebâiller et héla le gobelin les précédant.

— Gripsec, envoyez-les-moi. Je m'occupe de cette affaire. Nous avons à parler.

Harry hâta le pas et se dirigea vers Ragnok, trop content que les autres sorciers ne puissent assister à l'infâmie : le paiement des amendes et la fermeture du coffre de Severus.

Dès qu'ils furent entrés dans le bureau, le jeune sorcier poussa un soupir de soulagement.

— Merci. Ce sera plus discret ici.

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