Au secours - partie 1 -

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Une fois seul avec ses deux protégés, Dobby n'avait pas vraiment chômé. Il avait même mis sa nuit à profit. Après avoir couché Harry, il avait nourri un Severus affamé et passablement déprimé avec quelques plats rapportés de Poudlard dans des boites de conservation magiques. Ces emballages, qui ressemblaient aux très connus Tupperware moldus, préservaient les aliments qui y étaient stockés, pendant des mois si nécessaire, et ceci sans réfrigérateurs ou congélateurs, objets inconnus dans le Monde Magique.

L'ancien professeur s'était ensuite couché près d'Harry entre les draps propres aux couleurs de Serpentard et avait sombré comme une masse dans un sommeil de plomb, provisoirement apaisé par la présence du jeune sorcier.

L'Elfe hyperactif avait ensuite récuré de fond en comble la cuisine et le salon, puis vers une heure du matin, invisible grâce à sa magie, il avait installé une bâche conjurée sur le toit éventré. Si jamais il se remettait à pleuvoir, au moins l'eau ne rentrerait plus dans la pauvre maison. Dobby avait été passablement perturbé par le délabrement de la demeure. Habitué au luxe du manoir Malefoy, au relatif confort un peu médiéval de Poudlard et à l'atmosphère victorienne du 12 Square Grimmaurd où il avait livré quelques repas à Dumbledore, rien ne l'avait prédisposé à une masure moldue à demi-ruinée. Fidèle à son habitude, il avait espionné Dumbledore et ses deux sorciers préférés et avait entendu le vieil homme expliquer à une Minerva McGonagall au bord des larmes que la maison de Severus ne pouvait être réparée par magie, les runes adéquates n'ayant pas été placées dans les murs et les fondations lors de sa construction. Dobby savait pertinemment que pour vivre ici, Severus Rogue n'avait pas d'or et qu'il ne pourrait pas se payer une autre demeure. Peut-être que son cher Harry Potter allait acheter une maison de sorciers. Il était riche, tout le monde le savait et alors ils déménageraient tous de cet endroit de perdition. Et Dobby pourrait servir correctement dans un cadre digne de ses chers nouveaux maîtres.

En attendant, dans le silence le plus total, le fidèle petit Elfe avait fait disparaître poutre par poutre, tas de gravats par tas de gravats, tout ce qui avait envahi et détruit le labo de potions.

Il n'avait rien pu sauver. Les chaudrons étaient éventrés, les cornues brisées en mille morceaux et il était impossible d'utiliser la magie pour les réparer car cela aurait affecté et rendu inutilisables les potions préparées avec elles. Les ingrédients s'étaient mélangés puis avaient pourri. Le toit avait dû s'effondrer depuis plusieurs semaines car de l'herbe avait commencé à pousser sur les gravats les plus terreux. En bref, tout le contenu de la pièce était à jeter. Ce qu'il fit avant de tout récurer avec soin à l'aide d'une brosse conjurée, d'un seau d'eau chaude et d'un bidon de Nettoie-Tout de la Mère Grattesec emprunté – enfin disons, volé – dans le placard d'Argus Rusard à Poudlard.

Une bonne partie de la nuit passa ainsi. Aux premières heures du jour, peu avant l'aube, Dobby épuisé s'octroya quelques petites heures de repos. Il se roula en boule tel un chat dans le vieux fauteuil râpé de Severus, offrant son petit corps chétif fatigué à la douce chaleur émise par les galets d'anthracite – volés à Poudlard – rougeoyant dans l'insert de fonte émaillée. Le fidèle Elfe-de-Maison savait pertinemment que ses deux maîtres ne se lèveraient pas de bonne heure. En tout cas, beaucoup plus tard qu'ils ne le faisaient à Poudlard. Severus avait pris une bonne cuite la veille, même si la potion de dégrisement administrée par Dumbledore en avait atténué les effets secondaires. Harry, quant à lui, avait été bien malade et avait quitté le château sur une civière. Severus Rogue était habituellement debout chaque matin à six heures au plus tard, cependant Dobby ne l'espérait pas frais et dispo avant huit heures et même plus. Harry, lui, aimait beaucoup son lit et parfois Ron et Hermione devaient l'en extraire de force afin qu'il soit à l'heure au premier cours. Il était bien connu que les lits des dortoirs de Poudlard étaient du plus grand confort disponible dans le Monde Magique. Et puis pour le petit déjeuner, Dobby allait piller les restes des tables de la Grande Salle. Il y avait tellement de gâchis chaque jour que ça ne manquerait à personne. Déjà avec les restes, tous les Elfes de Poudlard se nourrissaient et ils étaient une bonne centaine ! Et bien on nourrissait encore les cochons d'Hagrid avec ce qui restait, et Merlin savait combien ces gorets étaient gras et ventrus !

IntoléranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant