Jade Shard [KatsuDeku]

Chapitre 17

« - Faut que je te parle. »

Les quelques mots de Katsuki viennent le heurter de plein fouet, annonciateurs d'une conversation soudaine et loin d'être la bienvenue. Malheureusement, son corps est resté inerte, incapable de s'évader de l'emprise que s'est assuré d'avoir le pirate sur lui.

Pourtant, la poigne de Dynamight est loin d'être si ferme que d'ordinaire. Sa main semble dénuée de sa force habituelle, tandis que son regard véhicule une foule d'informations en tout genre. À tel point que ce n'est qu'une montagne indescriptible, qui ne présente aucun sens notable. Sans doute faudrait-il y passer des heures, ou bien plus, simplement pour en déchiffrer la surface.
Izuku s'est trouvé dans l'impossibilité de fuir cette présence. Certainement trop usé à force de l'avoir fait durant de longues journées entières. Son crâne le brûle dangereusement, vrillé d'une douleur stridente qui l'anime désespérément.
Il tuerait pour quelques instants de paix et de tranquillité. Juste un moment qui lui permettrait de se consoler sans avoir qui que ce soit, ou une idée quelconque pour le sortir de son apaisement trop léger. C'est comme s'il ne pouvait plus respirer, et qu'on le privait de tout moyen de survivre.

Il va succomber, ici et maintenant. Il en a la totale certitude.

Parcourant une nouvelle fois les couloirs de cet établissement qu'ils ont déjà tant foulé jusqu'à présent, Deku se concentre sur son souffle erratique en négociant ardemment avec sa tête, pour ne pas frôler l'évanouissement d'un instant à l'autre. Pourquoi se retrouve-t-il si faible ? Au point de suivre Katsuki dans cette auberge, alors qu'il s'est juré de le fuir ? Ses muscles ne lui répondent plus, se contentant d'agir à leur guise et de vivre comme bon leur semble. Il n'est plus qu'un pantin de bois, dont les fils sont guidés par quelque chose qui lui échappe considérablement.

Leur marche ne dure pas longtemps. Juste ce qu'il faut pour rejoindre la chambre de Katsuki, soit l'endroit où Izuku ne voulait plus jamais mettre un pied. Tout ici menace de lui donner la nausée, au point d'en avoir un haut-le-cœur. Ce lit, qui porte les souvenirs de ces nuits partagées avec Katchan par exemple. Mais aussi l'odeur, qui emplit totalement les lieux. Celle de cet homme, qui est parvenue à l'intoxiquer d'une manière qu'il ne réussit en définitive pas à comprendre. Il s'est infiltré dans le moindre de ses pores, pour en prendre le contrôle plein et entier. Deku ne se sent plus capable de faire ses propres choix, subissant le courroux de ce pirate qui a visiblement tenté de chercher bien plus que le Jade Shard.

« - Qu'est-ce que tu veux ? Articule-t-il, désireux d'en terminer au plus vite.

- J'ai... Faut qu'on parle, tous les deux. »

C'est tout ce que réussit à lui dire Katsuki, apparemment en proie à des émotions qui risquent de le faire ployer d'un instant à l'autre. Jamais il ne l'a vu dans un tel état. Aussi peu sûr de lui, et angoissé au point de fuir son regard. Depuis leur rencontre, Dynamight est un exemple de vanité et de confiance en lui. Il déborde de cette assurance, qui est terriblement exaspérante à supporter pour ceux qui l'entourent. Capable de jouer de ses charmes, avant d'asséner le plus effroyable des coups bas à son adversaire. Rien ne peut l'arrêter pour aller au bout de ses souhaits et de ses objectifs, c'est une certitude.

Et pourtant, ici, il n'a plus rien à voir avec celui qu'Izuku a défié dès qu'il a franchi le pas de la porte de cet établissement.
Katsuki s'est délesté de son essence même. Totalement fuis par cette flamme propre à sa personne et à son esprit. Se retrouvant dans l'obligation d'apprendre à exister autrement qu'à travers ce désir de tout rafler sur son passage. S'il est honnête avec lui, Izuku pourrait clamer qu'une forme d'inquiétude commence à le ronger, de l'apercevoir ainsi. Cela n'a rien de plaisant, et le force à se poser une multitude de questions, à laquelle il n'avait pas imaginé devoir être mesuré un jour ou l'autre. Mais voilà, c'est ici. Au beau milieu de son thorax que s'est mis à pulser ce minuscule battement ridicule, qui semble si dérisoire et pourtant tellement tenace.