Chapitre 4 : Parce que tu rêves de t'envoler vers la lune

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Dans quelques jours, Senku passera un examen. Tout ce qu'il y a de plus normal quand on est étudiant à l'université. Il est donc aussi totalement normal qu'il ait décidé de se réfugier à la bibliothèque du campus, l'endroit le plus calme de la faculté pour réviser. 

Dans quelques jours, Senku ne sera pas le seul à passer un examen. D'autres filières sont également concernées, et les étudiants ont tous plus ou moins eu la même idée : celle de se réfugier à la bibliothèque. Donc, malgré le monde qui peuple la grande salle de lecture, un silence de plomb règne en maître. Dans la salle, on n'entend que le bruit du froissement des pages. Parfois, un bâillement résonne, suivi du froissement des vêtements quand un étudiant s'étire. De temps à autre, un soupir agacé, mais rien de plus. Tous, sans exception, ont leurs regards plongés dans leurs manuels et leurs cours. Le temps presse. 

Senku n'a pas regardé l'heure quand il est entré dans la bibliothèque. Mais, quand il a passé le pas de la porte, il n'y avait pas grand monde. Et tandis qu'il relève enfin la tête, il se rend enfin compte du monde qui l'entoure désormais. Dehors, le soleil est encore haut dans le ciel. Un rapide coup d'oeil sur son téléphone lui permet de regarder l'heure : 15h06. 

Maintenant qu'il a décollé les yeux de ses cours, il se rend compte à quel point il voit flou. La concentration extrême dont il a fait preuve lui a fait oublier les notions de temps et d'espace. Et, maintenant que son esprit est à nouveau parmi les mortels, la fatigue l'assaille. C'est donc durant ce laps de temps que ses yeux carmins ont commencé à se balader dans la salle, détaillant les personnes présentes autour de lui. 

Et, soudain, ses yeux viennent se poser sur lui. Il aurait pu ne pas le reconnaître, mais les mèches bicolores qui s'échappent de sa casquette lui confirment qu'il s'agit bien de Gen. Habillé d'un large tee-shirt blanc et d'un cargo noir, Gen garde ses yeux rivés sur un livre ouvert juste sous son regard. De temps à autres, ses iris quittent le livre pour griffonner sur un carnet juste à côté de lui. Puis, ses yeux se concentrent à nouveau sur son livre, et ainsi de suite. Et, avant que Senku ne s'en rende compte, les minutes défilent. Pour une raison étrange, il n'a pas réussi à faire bouger son regard. Peut-être que cela était dû à la puissante fatigue qui lui est tombée dessus pendant sa pause. Et pour être tout à fait exact, il ne le regardait pas vraiment. Son regard s'est juste simplement perdu dans le vide et, il ne sait trop pourquoi, ce vide prenait place à la table du bicolore. 

Soudain, Gen relève la tête. Et c'est quand son regard a croisé le sien qu'il s'est rendu compte qu'il le fixait depuis quelques minutes déjà. Pas étonnant que le bicolore ait relevé la tête. Sentir le poids d'un regard sur soi n'a rien de très agréable. 

Pris sur le vif, Senku se hâte de se tourner vers ses propres affaires. Et sitôt s'est-il précipité qu'il se rend compte de l'absurdité de son geste. En agissant comme ça, il donne l'impression d'avoir été pris la main dans le sac. Mais tandis que sa logique lui pointe l'absurdité de son comportement, il est déjà trop tard. Quelques tables plus loin, Gen a déjà un sourire amusé qui pointe sur ses lèvres. Et, désormais, c'est à lui de poser son regard sur le garçon à l'autre bout de la bibliothèque.

De là où il se trouve, il peut voir tout le bazar étendu autour de lui. Des manuels par dizaines, des feuilles volantes, son ordinateur ouvert et son téléphone posé juste à sa droite. La table est tellement désordonnée qu'aucun étudiant ne s'est assis près de lui, et ce malgré le monde dans la pièce. Oui, cela ressemble bien à Senku. Pris par sa concentration, il ne remarque pas ce qui l'entoure. Et ça, il a pu le voir à plusieurs reprises.

Cela fait plus de trois mois que Gen est arrivé sur le campus. Avec le temps, il a pu sympathiser avec les amis de Tsukasa et aussi tisser des liens. En peu de temps, il s'est senti rapidement accepté. Très vite, il n'a plus ressenti l'angoisse de la solitude, celle que l'on ressent lorsqu'on a l'impression d'être de trop parmi tous les cercles sociaux autour de soi. Et tout ça, c'est bien grâce à Tsukasa. 

Après toi... (Sengen)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant