Chapitre 26 : Tes mots sur l'oreiller

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— Il n'a pas toujours été comme ça. 

Allongés dans le lit, Gen et Senku n'arrivent pas à dormir. Pourtant, la lune est déjà haute dans le ciel. Elle éclaire la ville de sa lumière argentée, laissant ses rayons passer à travers les rideaux trop fins. Ils n'ont pas allumé les lumières, laissant l'astre de la nuit éclaircir la sombre pièce. 

Hier soir, Senku s'est glissé pour la première fois dans les draps de Gen. Là, juste à côté de lui, il a trouvé un sommeil réparateur qu'il ne parvenait pas à obtenir. Quant à Gen, il a senti ses draps se réchauffer tandis que le sommeil se faisait de plus en plus sentir. Quand il s'est réveillé le matin, les mains de Senku entourait ses hanches tandis que son visage s'était niché dans sa nuque. Il pouvait sentir son souffle chaud contre sa peau. Une sensation qu'il avait presque oubliée. 

Mais ce soir aucun des deux ne réussit à trouver le sommeil. Plus tôt dans la soirée, Gen a trouvé le courage de se glisser dans les bras de Senku sur le canapé. Ils ont regardé un film tandis que Senku passait ses doigts à travers ses cheveux posés sur ses genoux. Mais malgré ça, Gen n'a pas réussi à se détendre. Allongé dans le lit, il a ressenti une puissante volonté de lui parler. Il voulait lui raconter cette vie qu'il a tu, celle dont il a évité de parler malgré ce qu'il lui a dit de lui. Cette part de sa vie qu'il a occultée pour ne pas l'exposer à ce qu'il était vraiment. Ce soir, il veut lui expliquer qui il est. 

Allongé dans le lit, il s'est tourné vers lui. Comme il l'imaginait, Senku avait les yeux grands ouverts. Parce que de son côté, il a compris que quelque chose le tracassait. Il attendait juste que Gen veuille bien lui en dire plus. 

— Il n'a pas toujours été comme ça. 

Il n'a pas besoin de prononcer son prénom pour savoir de qui il parle. Il parle de Mozu, cet homme qui, s'il l'a retenu chez lui contre son gré, est aussi le premier homme à avoir partagé sa vie. 

— Quand on était ados, il n'a jamais levé la main sur moi. Il... n'a jamais été d'une nature très douce mais... il ne m'a jamais frappé. 

Senku ne dit rien, se contentant de le laisser parler. Il ne veut pas interrompre ses paroles qui ne sont sûrement jamais sorties de sa bouche depuis tant d'années. 

— On était juste deux gamins qui cherchaient à fuir leur foyer. Moi, je voulais fuir la colère de mon père envers ma mère et lui... il voulait fuir un père qui le battait. 

Bizarrement Senku n'est pas surpris par cette révélation. La violence ne fait qu'engendrer la violence. 

— Je sais... qu'on ne dirait pas comme ça mais... sa présence m'a beaucoup apporté. Si je ne l'avais pas rencontré, je pense que je n'aurais pas été capable de rester avec ma famille jusqu'au début de mes études. Et qui sait où je serais aujourd'hui. 

Senku n'en sait rien. Mais peut-être qu'ils ne se seraient pas rencontrés tous les deux. 

— Avec des "si", on refait le monde, ne peut s'empêcher d'ajouter Senku.

Gen ricane doucement. C'est vrai, il n'a pas tort.

— Le rencontrer m'a également permis de comprendre que je n'aimais pas les filles, continue Gen. Pendant longtemps, il a été mon confident et mon refuge quand je n'avais nulle part où aller. Et encore une fois, je ne peux m'empêcher de me demander à quoi ressemblerait ma vie si je ne l'avais pas rencontré. 

— Et tu n'avais personne d'autre à l'époque ? 

— Si, bien sûr que si. Il y avait Tsukasa que je connaissais depuis petit. Mais il avait deux ans de moins que moi. À un moment, on est arrivés à un âge où notre écart se faisait durement ressentir. Je me préoccupais de choses qui ne lui avaient même pas traversé l'esprit. Et cette différence que j'avais... il n'a pas été le premier à qui j'en ai parlé. 

Après toi... (Sengen)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant