Après toi... (Sengen)

Chapitre 12 : Ton corps tout contre le mien

Gen aurait pu dormir plus longtemps ce matin. Mais en ce dimanche, le vent a décidé de continuer à s'infiltrer dans les arbres et les fenêtres, laissant un sifflement aigüe s'immiscer dans son appartement. Il finit donc par ouvrir les yeux malgré lui, sortant d'un sommeil agréable.

Il a du mal à émerger, tant ses draps lui paraissent confortables. Emmitouflé dans sa couette, il a du mal à se relever pour affronter la température de sa chambre. Enfin, il parvient à repousser la couverture de coton qui le recouvrait. Et tandis qu'il se redresse, il entend une profonde respiration à sa gauche.

Il tourne la tête, laissant ses yeux se poser sur la silhouette endormie juste à côté de lui. La veille, il se souvient de son corps collé contre le sien tandis qu'il sentait son souffle dans la base de sa nuque. Le bras posé sur ses hanches, Gen s'est laissé aller à sa chaleur confortable dans des draps qui lui semblaient bien plus chauds qu'avant. Ce matin, Senku est allongé sur le ventre, les bras passés sous son oreiller. La couette remontée jusque sur une bonne partie de son visage, on ne peut voir que ses yeux clos qui dépassent. Face à ce spectacle, Gen ne peut retenir un sourire.

Allongé ainsi, il donne l'impression d'être si fragile. Quand il est réveillé, on peut voir la force de son caractère à travers ses iris carmins. Mais quand il est endormi, il laisse une toute autre image de lui transparaître. Un visage parfaitement dessiné, et une expression laissant voir toute la fragilité dont il peut faire preuve.

Sa respiration est d'une parfaite régularité. Emmitouflé ainsi, il ne donne pas l'impression de vouloir sortir des limbes du sommeil. Alors, pour ne pas perturber ce sommeil limpide, Gen s'extirpe lentement du lit. Frappé par la différence de température, il se hâte d'attraper un sweat dans son armoire, tout ça à pas de loups pour ne pas réveiller le bel endormi. Muni de son vêtement, il ne peut s'empêcher de passer à côté du vert pour déposer un léger baiser sur le haut de son front. Puis, il s'échappe de la chambre, prenant soin de refermer la porte sans faire le moindre bruit.

En sortant de la pièce, Gen se retrouve seul face à son appartement. Et bien malgré lui, ses yeux viennent se poser sur l'évier du coin cuisine. Il y a voit toute la vaisselle qui a été faite, reposant sur le côté pour sécher. Comme pour appuyer sa rêverie, il sent un tiraillement dans sa main bandée. Il la ramène devant ses yeux, laissant ses iris ébènes détailler la blancheur du bandage. Et puis, il se souvient avec quelle douceur Senku s'est occupé de panser sa blessure.

On n'avait jamais pris soin de moi comme ça, avant.

Il aurait pu rester un moment à regarder sa main mais, comme pour le ramener à la réalité, il sent son ventre gargouiller timidement. Il se rend alors compte qu'il a faim. Un rapide coup d'œil sur le micro-onde lui montre qu'il est déjà dix heure passée.

Il se hâte d'attraper une tasse ainsi qu'un paquet de brioche sur le haut du placard. Et tandis qu'il commence à préparer son petit déjeuner, il s'arrête.

Je ne sais même pas ce que Senku mange le matin.

En effet, il ne lui a pas demandé. Ses yeux viennent se poser sur la porte de sa chambre, là où le vert poursuit sa nuit. Tant pis, il devra attendre qu'il se réveille pour lui demander.

Il active sa bouilloire, laissant l'eau chauffer doucement. Pour le reste, il dépose tout sur la table de son salon. Les secondes passent, tout ça dans un parfait silence, lui laissant le temps de se perdre dans ses pensées.

C'était la première fois qu'ils dormaient ensemble. On pourrait croire que ce n'est pas grand chose, mais pour lui, ce n'est pas rien. Parce que cela fait un moment qu'il n'a pas senti de chaleur dans ses draps, un moment qu'aucun corps ne l'avait pris contre lui comme l'a fait le vert la nuit dernière. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas laissé une telle présence rejoindre son quotidien, et ce malgré le temps qui s'est écoulé depuis sa rupture.