Chapitre 24 : Toi aussi, tu veux rejoindre les étoiles

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Il s'est passé une semaine depuis qu'ils se sont installés dans leur appartement de substitution. Une longue semaine durant laquelle Gen n'a pas mis un pied dehors. Pour la simple et bonne raison que s'imaginer dehors l'angoisse tellement qu'il sent une terreur atroce lui dévorer les entrailles. Dès lors, il est resté dans cet appartement, sans jamais en sortir. Mais ce soir, il a trouvé le courage de sortir sur le balcon. 

Il s'est couché à 22h. Mais malgré ça, il n'a pas réussi à dormir. Son esprit ère comme une âme en peine, cherchant un quelconque réconfort qu'il est incapable de trouver. Depuis qu'il est arrivé ici, son corps refuse tout contact. Quant à son esprit, il hurle chaque jour sa douleur dans le plus grand des silences. 

Le soir, il s'endort seul dans des draps froids. Le matin, il se réveille seul dans un appartement désert. Parce que malgré tout ça, Senku doit continuer d'aller en cours. Parce que malgré tout ça, la vie continue et le vert ne peut pas laisser tomber ses études. Depuis déjà quelques jours les partiels ont commencé pour toute la fac. Mais lui, il ne s'y ait pas rendu. Parce qu'il est incapable de mettre un pied dehors, et aussi parce qu'il ne veut pas reprendre un cursus qui ne l'intéresse plus. 

— Je ne retournerai pas à la fac.

C'est ce qu'il a dit à Senku alors qu'il s'excusait déjà de son absence pour le lendemain, obligé de se rendre en cours. Il n'a rien ajouté, ni même tenté de le faire changer d'avis. Après tout, vue la situation, ça serait peine perdue. 

Son corps n'a pas arrêté de tourner dans le lit pendant des heures. Malgré sa fatigue, il n'a pas réussi à fermer l'oeil. Ses yeux sont restés ouverts, fixant le plafond sans même le regarder. Il a entendu Senku se coucher une heure et demie après lui dans la chambre d'à côté. Puis, le calme nocturne s'est abattu sur l'appartement tout comme sur la ville. Les heures se sont écoulées, toutes plus longues les unes que les autres. Et alors, enfin, son corps s'est redressé. Machinalement, il est sorti du lit pour se diriger vers le salon. Là, il a ouvert la large baie vitrée et s'est avancé sur le balcon. 

C'est sa première sortie depuis qu'il est ici. Depuis qu'ils sont arrivés dans cet appartement, il n'a pas senti une seule fois l'air sur son visage. Barricadé dans cet immense appartement, il avait oublié que dehors le froid est encore là. Il est sorti avec juste un sweat sur le dos, rien qui puisse le protéger de la froideur d'une nuit de toute fin de février. 

Ses bras se referment autour de lui, comme si cela allait suffir à le protéger du froid. Et pourtant, malgré l'air qui ronge sa peau, il ne fléchit pas. Pieds nus, trop peu vêtu, il avance vers le rebord du balcon, s'éloignant du salon juste derrière lui. Là, il pose une main sur la rambarde, laissant son regard se perdre vers l'horizon. Face à lui, il voit toutes les lumières qui gardent la ville éveillée et ce malgré l'heure tardive. Des milliers de bâtiments qui affrontent l'obscurité tandis que les rues se sont endormies. Dehors, il n'y a plus que de rares fêtards qui profitent d'une soirée entre amis. Dehors, il n'y a plus que des âmes vagabondes en quête de tranquillité. Et dehors, il y a lui, une âme en peine incapable de trouver ce qui lui permettra de sombrer dans le sommeil. 

L'air se glisse dans ses cheveux, faisant virevolter ses mèches blanches. Il sent l'air lui griffer le cou tandis qu'un puissant frisson parcourt son corps. 

Tu devrais rentrer, tu vas attraper la mort si tu restes dehors. 

Et pourtant, son corps ne bouge pas. Il reste ainsi, la main sur la rambarde en métal. Déjà, il sent sa paume geler autour de la froideur du métal. Quand il expire, un nuage de condensation se forme autour de ses lèvres. Et puis, à mesure que les secondes défilent, son corps tremble sans qu'il ne puisse s'en empêcher. Il grelotte, et pourtant, il ne bouge pas. 

Après toi... (Sengen)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant