Chapitre 31 : Parce que le temps guérira nos cœurs

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Senku n'en revient pas. Il lui faut quelques secondes pour comprendre ce que la vieille dame vient de lui dire. Et elle, en voyant son visage devenir blanc, comprend que quelque chose ne va pas. 

— Jeune homme, tout va bien ? 

Sa gorge se serre, les mots se perdent dans sa bouche. Il avale difficilement, comme s'il cherchait à empêcher l'angoisse de s'échapper par sa gorge. 

— Il... il a déménagé vous dites ? Mais... pour aller où ?

— Oh ça je n'en ai aucune idée, il ne m'a rien dit. 

Il laisse son corps se reposer sur la porte. Au moins, elle lui permet de rester debout, juste le temps que son tournis ne passe. Puis la vieille femme passe, quittant le couloir non sans un regard intrigué en arrière. Quant à Senku, il lui faut encore du temps pour comprendre. Enfin, il trouve la force de se redresser.

Il ne peut pas être parti. 

Il attrape son téléphone qu'il fourre de suite à son oreille. Un long bip résonne pendant des secondes interminables. 

Ça doit être un malentendu. 

Le bruit résonne encore dans le combiné puis il tombe sur sa messagerie. Là, il n'entend qu'une voix robotique lui indiquant que son correspondant n'est pas joignable. Mais Senku ne peut pas abandonner, alors il réessaye. Il appelle, encore, et encore. Mais à chaque fois, il n'y a pas de réponse. Rien qu'une voix de synthèse qui n'est pas la sienne.

En l'appelant, il est sorti de son immeuble. Il marche dans la rue d'un pas vif sans même savoir où aller. Il appelle, il espère, il prie. À chaque bip qui résonne, il espère qu'il entendra sa voix, mais il n'y a rien. Il ne décroche pas son téléphone. 

Il doit appeler quelqu'un d'autre. Il doit essayer de comprendre ce qui se passe. Gen ne peut pas être simplement parti, ce n'est pas possible. Il lui en aurait parlé. Il lui aurait dit. Parce qu'ils avaient des projets ensemble, parce qu'ils se sont fait des promesses d'avenir main dans la main. Mais tout ça semble s'être envolé en même temps que le bicolore. 

Es-tu vraiment sûr qu'il t'en aurait parlé ? 

Non, il n'en est pas sûr. Parce que Gen lui a déjà menti, alors qu'est-ce qui l'empêcherait de le refaire ? 

Il compose un autre numéro avant de presser le téléphone sur son oreille. À nouveau, un bip résonne, porteur d'attente et d'angoisse. À chaque fois qu'il résonne, Senku sent des sueurs froides couler dans son dos. Mais enfin, une voix. 

— Allô ? 

— Tsukasa, Gen a déménagé. Il... je suis allé chez lui et sa voisine m'a dit qu'il avait déménagé. Je ne comprends rien... Est-ce qu'il t'aurait dit quelque chose ? 

Sa voix est fluette, prise par la panique. Il regarde partout autour de lui, comme si Gen allait réapparaître juste devant lui par magie. Ses yeux s'attendent à le voir au milieu des passants, lui adressant toujours le même sourire tandis qu'il se rue vers lui. Mais il n'est pas là, il n'est plus là. 

— Senku, où est-ce que tu es là tout de suite ?

— Je... je ne sais pas. Pas... pas loin de chez lui. 

Il est à bout de souffle à force de marcher vite. Ses yeux se posent à nouveau partout, lui donnant rapidement le tournis. Il doit être là, pas loin, c'est obligé. Tout ça n'est qu'un malentendu et Gen réapparaîtra bientôt. 

— Senku calme-toi. 

Il ne pourra pas se calmer. Le calme ne viendra que lorsqu'il l'aura retrouvé. En attendant, il est prisonnier de cette peur qui l'avale. Tout ce qu'il veut, c'est être à ses côtés, là, tout de suite.

Après toi... (Sengen)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant