Chapitre 25.5 : Fragment de vie : Ta vie en enfer

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TW : Ce chapitre contient des scènes de violences physiques, psychologiques et sexuelles. Si vous êtes sensibles à ce genre de contenu, je vous invite à ne pas lire ce chapitre. Étant un chapitre "bonus" vous pourrez tout de même comprendre l'histoire si vous n'avez pas lu ce chapitre. Bonne lecture à vous.

Lorsque tu entends les clés tourner dans la serrure, tu ouvres les yeux. Aussitôt tu sens ton cœur s'accélérer tandis que tes yeux se posent un peu partout. Il est arrivé, et tu vérifies que rien n'est en désordre. Malheureusement pour toi, tu t'es assoupi sur le canapé. Il faut dire que la nuit tu ne dors pas beaucoup.

Trop tard, tu n'as plus le temps d'arranger la table du salon. Déjà, tu l'entends entrer. Il faut que tu sois là pour l'accueillir. Ton corps, bien que encore endormi, se lève et se dirige vers la porte d'entrée. Tu inspires, tu expires, tu pries.

Tu cherches à capter son regard, histoire de savoir à quoi t'attendre. Tes yeux ébènes croisent les siens et son regard s'adoucit.

- Bonsoir Gen.

Il s'approche de toi, passe un bras autour de toi pour poser ses lèvres sur la commissure de ta mâchoire. Tu évites de serrer les dents, parce qu'il le capterait tout de suite. Alors tu prends sur toi, stoppant ta respiration lorsque tu as senti ses lèvres contre ta peau.

- Tu as passé une bonne journée ?

- Fatigante. Un client nous a tapé un scandale aujourd'hui, j'ai cru qu'il ne partirait jamais.

Depuis plusieurs années, il travaille dans le bâtiment. Il est recouvreur, un travail manuel, pénible, énervant. Mais grâce à ces quelques mots tu sais comment tu devras agir pour que la soirée se passe bien. Ce soir, tu vas devoir prendre sur toi et accepter tout ce qu'il veut. Car il n'y a que de cette manière que tu parviendras à calmer la bête qui sommeille en lui.

Il te lâche, s'enfonçant dans la maison pour poser ses affaires. Tu l'entends soupirer bruyamment tandis qu'il s'étire.

- Qu'est-ce que tu veux manger ce soir ? demandes-tu avec une voix que tu espères enjouée. Je peux faire le plat que tu veux, ça t'aidera à te détendre un peu.

- Dans ce cas, je partirais bien sur un bon donburi bien chargé.

- De quelle sorte ?

- Un kaïsendon.

Ton corps se tend. Dans le frigo, il n'y a plus de saumon. Tu as utilisé la dernière barquette la veille.

- Il... il n'y a plus de poisson... dans le frigo.

Il te faut tout le self contrôle dont tu es capable pour ne pas vaciller. La règle d'or est de ne pas montrer que tu as peur. S'il le voit, il se dira que tu as quelque chose à te reprocher. Plus tu paraîtras normal, plus il y a de chance pour qu'il te laisse tranquille.

- Comment ça il n'y a plus de poisson ?

- On a fini la barquette hier et... je n'ai pas pu sortir en acheter.

Tu n'as pas pu sortir car tu n'as pas le droit de sortir. Chaque matin, il part en fermant à clé derrière lui, du moins depuis que tu t'es octroyé une balade dans le marché du centre-ville.

Ses yeux noisettes se posent sur toi. Son regard te transperce, aussi acéré qu'une lame. Ses sourcils se froncent et un rictus déformé apparaît sur son visage. Là, tu essayes de garder ton calme. Si tu baisses la tête, il pourrait prendre ça comme un signe de culpabilité. Et si tu te sens coupable, il fera de toi un coupable.

Et puis, aussi vite qu'il est arrivé, ce rictus disparaît. À la place, un simple sourire.

- Bon et bien optons pour un gyudon. Il reste du bœuf, non ?

Après toi... (Sengen)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant