Kazutora n'avait pas eu de contact avec Keisuke depuis une semaine. Une longue et morose semaine. Il n'avait pas tenté de le joindre par téléphone, il savait très bien que cela aurait été inutile. Il ne l'avait que brièvement aperçu deux jours auparavant, en soirée, à la fin des cours. Mais il était trop loin et sa démarche était trop rageuse pour qu'il tente la moindre approche. Il fallait donc espérer qu'il revienne de lui-même, chose peu probable, ou que le hasard les envoie en face à face, ce qui était encore moins probable.
Présentement, Kazutora marchait dans le hall du bâtiment. Il était midi et les étudiants se succédaient les uns les autres, heureux d'aller profiter de la première journée de soleil de l'année. Lui, il tournait justement le dos à cette lumière. Tous, ils allaient encore former un rassemblement décousu mais dense de gens bruyants et agités. Il détestait se retrouver dans ce genre de situation.
Il emprunta un couloir plus calme, se stoppa légèrement. Un groupe d'hommes se tenait un peu plus loin, riant et bavardant, droit dans sa direction. Un stress exagéré le prit, il déglutit. Il y avait de la place, dans ce couloir, pourquoi s'étalaient-ils autant ? Il hésita un instant à faire demi-tour, nerveux. Mais non, n'importe quoi, du calme...
Les yeux fixés sur le groupe, il fit quelques pas de côté afin de se retrouver contre le mur. Il reprit donc sa route en baissant les yeux, silencieux, telle une ombre furtive. Il inspira doucement, comme pour ne pas faire de bruit, alors que les hommes le dépassaient sans un regard. Ok. Ils étaient passés. Ça va. Kazutora ferma les yeux, se concentra sur sa respiration désordonnée. Ce n'était qu'une bande d'étudiants, bon sang. Des étudiants paisibles et innocents. Pas de quoi s'affoler...
Il rasa ensuite les murs jusqu'à gagner les toilettes d'un étage actuellement vide. Il laissa aussitôt son sac tomber de son épaule et se passa de l'eau sur le visage. Une fois, deux fois, trois fois, jusqu'à ce que sa panique retombe et qu'il retrouve un peu de sang-froid. Il avait l'impression de trembler de tous ses membres, pourtant son corps était immobile. C'était affreux. Ces hommes étaient trop bruyants. Ils n'avaient pas besoin de se faire si remarquables...
Kazutora inspira et expira profondément, le souffle court, accroché au bord du lavabo. Il s'emballait, il savait qu'il s'emballait sans raison. Mais il ne pouvait empêcher cette angoisse de s'accrocher à son ventre à chaque fois, c'était plus fort que lui. Il avait peur. Il préférait être seul dans une petite pièce close, où il pouvait tout surveiller. C'était plus rassurant...
Puis la porte s'ouvrit à la volée. Il sursauta violemment et trébucha en arrière, retrouvant soudain toute sa panique. Un homme. Un homme plus fort que lui. Il était en fait coincé, seul dans une petite pièce close, avec un homme plus fort que lui. Affolé, tombé par terre, il recula maladroitement sous les lavabos, comme pour se dissimuler vainement.
- Bah alors ? T'as tellement peur que je t'agresse ?
Keisuke.
Il releva précipitamment les yeux et reconnut le visage du jeune homme, qui claquait la porte sans s'émouvoir de son état. Non. Stop. Keisuke était gentil. Keisuke n'allait pas s'en prendre à lui, il n'allait pas...
- T'es dans ta flippe ?
L'autre mit un violent coup de pied dans le sac qui gisait au sol, l'envoyant heurter le mur du fond. Kazutora sursauta malgré lui sous le choc. Keisuke vint s'accroupir juste devant lui. Il était imposant. Il était fort. Et il le bloquait contre le mur.
- Je t'avais encore jamais vu t'effaroucher comme ça. Alors ? Pourquoi t'as peur ?
Kazutora secoua la tête, la respiration saccadée. Il voulait repousser Keisuke mais avait peur de le toucher. Il se contenta de se recroqueviller de son mieux, comme pour se fondre avec les tuyaux.
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Atypical Romance | Baji x Kazutora
FanfictionKazutora est passif, se détruit de manière insidieuse et dépérit en silence. Keisuke est agressif, violent et incapable de retenir ses pulsions destructrices. Ils ne se connaissent pas intimement mais se comprennent mieux que tout. Et ensemble, ils...