Sur la pierre

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- Keisuke, tu te rappelles la fois où tu m'as dit que tu m'aimais ?

Ce dernier, qui allait allumer la cigarette entre ses lèvres, s'interrompit.

- Pardon ?

- T'as bien entendu.

- T'es grave, mec, tu commences à prendre tes rêves pour la réalité.

Il inspira ensuite une bouffée de tabac, debout à côté de Kazutora. Le jeune homme se demanda si Keisuke avait oublié cette soirée, option tout à fait possible, ou s'il déniait simplement la chose, option tout aussi envisageable.

- C'était un soir où on avait couché ensemble en rentrant de la fac. Avant de dormir, je t'ai demandé si tu m'aimais et tu m'as dit que tu m'aimais.

- C'est ça, puis je t'ai fait des gosses et on a vécu heureux jusqu'à la fin des temps ?

- Pourquoi ce serait à toi de me faire des gosses ?

Keisuke vint s'asseoir près de lui, sur le rocher plat qui semblait avoir poussé de nulle part au milieu du champ d'herbes folles. Un peu plus loin, les voitures qui passaient sur la route de campagne faisaient un son de fond. Pas constant mais régulier.

- Quoi, tu préfères que ce soit ton prof de musique qui t'en fasse ?

- Je vois pas pourquoi ce serait pas à moi de t'en faire.

- Primo parce que c'est toi qui prends, deuzio parce qu'on est pédés. À moins que t'aies un système reproductif dans la gorge, on n'est pas près d'avoir des gosses.

Kazutora prit la cigarette sans permission et l'aspira faiblement.

- On parle déjà d'avoir des enfants, je savais qu'on irait loin, tous les deux.

- Ta gueule, espèce de connard.

Tout en lui tendant la clope afin d'éviter de s'en prendre une, Kazutora soupira.

- Surveille un peu ta langue.

- Tu peux parler, fils de pute.

- Ma langue se porte mieux que la tienne. Je jure pas à chaque phrase en insultant à tout va.

- T'as foutu une putain de barre de métal dans ta langue, toi, joue pas les saints.

- Tu l'aimes bien, ma barre de métal.

- Et elle t'est venue d'où, l'idée ?

- Laquelle ? Celle de te sucer avec ? Je sais pas, t'avais une tronche à y être sensib...

Keisuke le frappa brutalement dans les côtes et il s'étouffa légèrement avec sa salive.

- Non, salaud, je te parle de te faire transpercer la langue pour y foutre du métal.

Kazutora se racla la gorge, bousculé. Il toussa faiblement. Ses côtes étaient douloureuses.

- J'en sais rien. Y a pas eu de déclencheur particulier... Putain, Kei, tu fais chier.

- Quoi ?

- J'ai mal.

- Oh, pardon, je voulais surtout pas te heurter, pauvre Zuzu. Enlève tes fringues, je vais te masser.

- Va te faire foutre.

- Dis donc, t'as pas honte d'être vulgaire ?

- Pas plus que toi.

Keisuke répondit avec un ton exagérément simplet et abruti.

- C'est bien, Kazutora. Faut pas vivre dans la honte.

Atypical Romance | Baji x KazutoraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant