[Imaginez ici un titre parlant et adapté au chapitre qui suit]

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Kazutora attendait. En quittant l'université, aujourd'hui, il avait vu la moto de Keisuke garée à une extrémité du parking adjacent. Il ne l'avait pas croisé dans le bâtiment, mais si la Suzuki était en stationnement ici, c'était bien que son propriétaire n'était pas loin. Ainsi, il s'était assis sur le rebord de béton du parking et patientait.

Ses derniers cours avaient pris fin moins de quinze minutes plus tôt. Il avait tout fait pour se concentrer et se focaliser sur son enseignement, mais rien n'y faisait : les mots lui échappaient et les informations ne lui revenaient que par bribes. Ce n'était surtout pas le moment de relâcher ses capacités et pourtant, il était incapable de rester centré sur ses cours. Sur le moment, il s'était senti tellement impuissant et minable face à sa propre inaptitude que les larmes lui étaient montées aux yeux.

L'air se rafraîchit alors que d'épais nuages d'un gris menaçant venaient chasser le bref soleil de cette soirée. Il faisait froid. Kazutora fut traversé par un désagréable frisson. Sa tête rentra dans ses épaules tandis qu'il soufflait sur ses doigts rouges pour les réchauffer. Le temps était long. Ses yeux le lançaient, la fatigue lui retombait déjà dessus.

En regardant ailleurs pour stimuler un peu son esprit, il vit Keisuke arriver sur le parking, à vingt mètres. Il marchait lentement, tête baissée, une main dans la poche et l'autre sur la bretelle de son sac à dos. Péniblement, Kazutora se mit sur pieds pour aller à sa rencontre. Il ne savait même pas quoi lui dire. Il avait seulement vu sa moto et eu envie de le voir.

À quelques mètres, Keisuke ne l'avait toujours pas remarqué. Il contemplait le sol d'un œil sombre et morose, traînant du pied sur le goudron. Cette posture abattue ne lui allait pas. Il releva les yeux quand Kazutora fut juste en face de lui. Derrière son air dur, son petit ami devina facilement une grande lassitude. Lui aussi connaissait bien ce sentiment d'épuisement, de désespoir passif. Mais chez Keisuke, c'était plus surprenant à voir.

- Tu fous quoi ici ?

Kazutora soupira.

- Je suis fatigué.

C'était un euphémisme. Il se sentait vidé de ses forces et prêt à s'écrouler. Savoir qu'il devait encore travailler cette nuit augmentait cruellement son sentiment de mal-être. Il s'approcha et passa doucement ses bras sous ceux de Keisuke, autour de sa taille. Il l'étreignit sans bruit et posa son menton sur son épaule. C'était apaisant. Sentir Keisuke tout contre lui faisait du bien.

Son petit ami ne bougea pas, ses mains restèrent dans sa poche et sur son sac. Cependant, sa tête se laissa aller contre Kazutora et un soupir profond s'échappa. Lui aussi avait dû affronter une journée affreuse. Ils restèrent immobiles un long moment. Le vent soufflait plus fort, c'était désagréable. Froid et cinglant.

Ils n'avaient pas bougé depuis plus d'une minute, et auraient sans doute encore tardé si une voiture n'avait pas soudain donné un bruyant coup de klaxon juste derrière eux. Kazutora sursauta. Il n'avait pas prêté attention au moteur du véhicule à son approche. Il sentit Keisuke se tendre alors qu'il se redressait pour s'écarter. Sa main attrapant la sienne, il le tira sur le côté tandis que le conducteur, visiblement pressé, leur criait de casser du passage.

- Mais quel connard, lâcha Keisuke d'un ton agressif.

Kazutora n'eut pas le temps d'en placer une. La voiture les dépassait à peine qu'un violent coup de pied se plantait dans le pare-choc arrière. Il n'en fallut pas plus pour que le conducteur pile et sorte en furie de la Toyota. Une bouffée d'angoisse étreignit Kazutora lorsqu'il sentit monter la tension dans l'air. L'homme avait la cinquantaine, les traits durs et le cheveu grisonnant. Sous sa chemise de travail blanche, son ventre rebondi tendait le tissu. Un employé stressé qui rentrait chez lui en soirée.

Atypical Romance | Baji x KazutoraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant