Corps et âmes

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Dans sa chambre, Kazutora se concentrait sur ses cours, assis à son bureau. Une petite lampe éclairait ses fiches. Il était bien obligé de l'avoir car, étant dos à la fenêtre et installé dans l'angle au fond de la pièce, il n'avait pas droit à beaucoup de lumière naturelle. Il se gratta un peu la nuque, ferma les yeux en expirant doucement. Il se sentait bien, paisible. Mais c'était uniquement car il était sous codéine.

Au moins, il se concentrait mieux sur ses cours. Il n'était pas sans cesse tourmenté par un chagrin, un souvenir mauvais. Il pouvait se vider l'esprit et se focaliser sur une tâche présente sans se disperser. Puis il n'avait pas trop poussé sur la dose.

S'il planait doucement, blotti dans une torpeur agréable, il demeurait capable de marcher et articuler correctement. Il pouvait réfléchir au besoin, et ça, c'était formidable. Il se penchait pour remplir une case lorsque la porte fut envoyée contre le mur, à sa droite. Il regarda par-dessus son épaule.

- 'Scuse, fit simplement Keisuke, qui croquait dans une pomme.

Sans répondre, car il n'y avait strictement rien à dire face à cela, Kazutora se contenta de retourner à ses feuilles. Keisuke tira la porte et la laissa comme fermée sans pour autant l'enclencher, puis traversa la pièce presque vide pour se pencher au-dessus de Kazutora. Tout en s'inclinant, il en profita pour immiscer une main à l'intérieur de son t-shirt.

- Tu branles quoi ?

- Je m'occupe de mes cours, pour une fois.

- Waw, Zuzu l'étudiant studieux, pas mal.

Du bout des doigts, il tritura un instant une cicatrice gonflée sur son épaule, puis sa paume vint tâter son sein maigre.

- Kei, je vais avoir du mal à bosser si tu viens me peloter en même temps.

Ce dernier avala sa bouchée avant de répondre :

- Bah c'est pas grave, arrête de trimer. J'ai envie de ken.

Kazutora secoua la tête en changeant de feuille.

- Sérieux, gère-toi et prends des cours de savoir-vivre. Change un peu ton langage des rues, aussi.

- T'abuses, je parle pas si mal.

- Tu parles pas bien. Allez, laisse-moi.

Soupirant, Keisuke se permit de lui pincer fortement un téton avant de se retirer. Le jeune homme grimaça et lui envoya une tape, agacé.

- Connard, va.

- Frigide.

Son amoureux s'éloigna ensuite de quelques pas, en direction de la fenêtre. Il devait être seize heures. Même si un généreux soleil s'était révélé aujourd'hui, ses rayons n'étaient pas restés longtemps à travers la vitre. Bien que Kazutora ait entrouvert la fenêtre pour laisser entrer l'air doux, il avait gardé une veste épaisse sur les épaules. Il aimait bien cette veste d'automne.

Elle était sombre et avait de beaux motifs gris acier le long des manches et du dos. Puis des pans de tissu noir faisaient un effet de piques sur les manches. Kazutora avait l'impression d'être bien habillé lorsqu'il la portait, de ne pas être trop fade ou pitoyable. Chifuyu avait donné un surnom à ce haut : la veste du délinquant. C'était pour plaisanter, bien évidemment.

Avant de s'effacer et chercher à se fondre dans la masse, Kazutora était une personne plus affirmée, et plus rebelle qu'aujourd'hui. Son tatouage, ses piercings étaient comme des vestiges de cette époque. Il aimait porter ce genre de vêtements sombres amples, avec des chaînes et du métal. Il avait même toujours ses bijoux stylisés ou accessoires de cuir, rangés quelque part, à attendre de revoir la lumière du jour.

Atypical Romance | Baji x KazutoraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant