Le commencement

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Le stress. La nausée. Le mal-être. Toutes ces choses immondes que Kazutora subissait depuis qu'il avait posé les pieds au sein de l'université, quelques heures plus tôt. Encore ces sentiments affreux qui lui procuraient une violente envie de vomir et se recroqueviller loin, loin de tout, dans le néant et son calme irréel. Il étaient à peine en septembre, il reprenait tout juste les cours mais c'était ainsi. Le bruit, les présences et les voix constantes l'angoissaient.

Il n'aimait pas toute cette activité, cette énergie. Il n'aimait pas la vie qui palpitait partout autour de lui. Non, il préférait le calme, la solitude, l'absence de contacts. Il préférait rester seul entre quatre murs, loin du monde. Mais il y avait les études. Il voulait les faire, enfin... oui, il voulait. Avant. Autrefois. Lorsqu'il avait des espoirs et des ambitions. Lorsqu'il croyait assez en la vie pour se projeter plus tard en visualisant des objectifs qui lui faisaient envie. À présent... au fond, s'il achevait ces fameuses études, aurait-il réellement quoi que ce soit à en faire... ? Non, non, stop. C'étaient de mauvaises pensées. Kazutora ne voulait pas s'empoisonner avec des songes douloureux sans réponse. Pas encore.

Il se stoppa dans un couloir, seul près d'un mur. Où aller ? Tout le monde mangeait. Tout le monde se retirait dehors pour profiter de la journée douce et s'acheter un déjeuner. Lui, jamais il n'irait dehors avec eux, ni n'avalerait quelque aliment que ce soit avec l'estomac si noué. Il en vomirait sûrement pour de bon. Autant profiter des salles de classes désertes. L'étudiant reprit la marche, ouvrit la porte au bout du couloir qui tournait en angle droit.

Il repoussa bien le panneau de bois contre le mur, tout doucement pour ne pas se faire remarquer, et gagna lentement le fond de la salle. Il monta les quelques plateformes jusqu'en haut, près du mur. Il se laissa tomber assis dans l'angle du mur, loin de la porte, et replia ses jambes contre son torse. Son sac contre la hanche telle une barrière entre le reste de la salle et lui, il enfouit son visage dans ses bras. Il était malheureux.

Ainsi retiré au fond d'une salle silencieuse, il se sentait vraiment seul. Mais comment pourrait-il se plaindre ? Lui-même travaillait sans cesse à repousser les moindres approches, à s'isoler à la première occasion, à raccourcir les échanges avec les étudiants de ses groupes. Il n'avait pas à se plaindre, non ; il était bien auteur de ses tourments, après tout. C'était de sa faute. Tout était de sa faute.

Kazutora demeura immobile. Les minutes défilèrent. Tout était calme, le couloir n'était pas emprunté. Il se calma légèrement, très légèrement. Puis, malgré lui, contre son gré, il sentit son état se transformer, glisser dans un autre penchant. Oh, non. Il était fatigué de ces changements d'humeur soudains, insensés, mais bien présent. Il en avait marre de subir ces passages forcés d'états intérieurs. Il avait toujours une gêne dans le ventre mais l'anxiété et le stress s'amenuisaient. Montait l'indifférence, cette saloperie d'indifférence maussade.

Il souffla lourdement, sans émotion, et redressa la tête. Putain. Il déplia une jambe et ferma les yeux, le crâne contre le mur. Eh merde. Encore un moment pénible, un moment pesant à passer. Il avait l'impression de devenir un tas d'os articulés sans tonus, faible, mais forcé de rester là à assumer chaque seconde d'atonie. C'était affreux.

Il était ainsi, immobile dans l'angle du mur, lorsque la porte s'ouvrit à la volée. Sans qu'il ne réagisse pour autant, cet imprévu le déprima. Oui, cela le déprima. Rien de plus. Lui qui était anxieux, nerveux un instant auparavant, lui qui aurait paniqué, c'était désormais presque comme s'il s'en foutait. Quelle horreur. S'exprima alors le nouveau venu, d'une voix brutale et sans chaleur :

- Qu'est-ce que tu fous là, toi ?

Concentre-toi, réponds. Parle. Articule un mot, une phrase, allez. Inspire, ouvre la bouche...

Atypical Romance | Baji x KazutoraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant